Le moins que l’on puisse dire aujourd’hui, est que le « curseur » du régime Alassane Ouattara est calé sur le « bétonnage » de son pouvoir. Comme si un réel péril de déstabilisation planait sur lui, Alassane Ouattara a entrepris d’ériger, ce que l’on pourrait qualifier de « muraille militaire » autour de son pouvoir.
De fait, le président de la République dont le régime a essuyé, à maintes reprises, des attaques, tant, aux frontières que dans des villes, notamment, d’Abidjan et de l’intérieur du pays, et qui ont été attribuées « à des pro-Gbagbo en exil », semble avoir pris la mesure réelle du danger. Il a donc choisi, à tout crin, de créer des unités de défense et de sécurité et de les équiper conséquemment. L’illustration a été faite, le lundi 11 mars 2013, avec l'inauguration d'une nouvelle unité, vouée, officiellement, à la « lutte contre le grand banditisme dans la capitale économique ivoirienne dénommée « Centre de coordination des décisions opérationnelles (Ccdo) ».
Cette nouvelle création vient s’ajouter à une kyrielle d’unités existantes, notamment, la Frap, la Force spéciale, le Gspr, police militaire… qui peine à venir à bout du banditisme et de la grande criminalité. Le Ccdo va permettre, selon Ouattara, une "surveillance rapprochée de tous les déplacements" à Abidjan afin de mettre fin aux "grands moments d'insécurité" qui ont jalonné l'année écoulée. Cette unité, composée de 750 gendarmes, policiers et militaires, permettra de mettre fin, ou, à tout le moins, de réduire au strict minimum, « les tentatives de déstabilisation, le grand banditisme, le racket, les difficultés des concitoyens avec les barrages anarchiques ».
La création du Ccdo, à qui « tous les moyens ont été donnés » est un « investissement important, nécessaire et urgent » qui devrait permettre de « suivre de très près » le renforcement de la sécurité dans la capitale économique ivoirienne, a assuré le chef de l’Etat. Si l’expérience d’Abidjan marche, tout le pays sera couvert par le Ccdo. Le chef de l’Etat a donc décidé d’ériger, autour de son régime, une véritable forteresse au point d’enfermer son régime dans un « cocon » militaire. Car, la nouvelle unité, le Ccdo va s’inscrire, selon des sécurocrates dans la logique « réversibilité en cas d’atteinte à la sureté de l’Etat ». Cette force, rattachée directement à la Présidence de la République, et dont le siège est au ministère de l’Intérieur, est née pour protéger les Institutions, y compris les hommes qui les incarnent, ce d’autant qu’il prend directement « ses ordres au palais présidentiel ».
Le Lt-colonel Kouyaté Youssouf travaillera de concert avec les conseillers militaires du chef de l’Etat. Disposant de véhicules blindés pour des interventions rapides, le Ccdo viendra en appui tactique, notamment, au groupe de sécurité de la Présidence (Gspr), à la Garde républicaine (Gr), à la gendarmerie nationale, aux Forces républicaines de Côte d’Ivoire (Frci), l’unité spéciale de la police nationale (Frap). Si l’on en croit des spécialistes de la question militaire, le Ccdo dispose de véhicules de type Acmat, blindé, dont l’autonomie est de 1.600 km. « Ces véhicules peuvent parcourir la distance Abidjan-Ouagadougou ou Abidjan-Bamako sans escale, peuvent être montés de fusil de type 12/7 (anti-aérien).
En renforçant ainsi son dispositif militaire, Ouattara ne veut donner aucune chance aux déstabilisateurs de l’atteindre. Mais, il n’y a pas de risque zéro. La preuve, les derniers événements de l’ouest, qui interviennent au moment le chef de l’Etat se dote de moyens militaires, se présentent comme un véritable pied de nez, si ce n’est pas un défi que ses ennemis lui lancent.
Au moins 7 personnes, quatre civils, deux éléments des Frci et un assaillant ont été tués dans l’attaque du village de Zilébly, dans la préfecture de Bloléquin, dans la nuit du mardi 12 au mercredi 13 mars 2013. L’attaque qui n’a pas été revendiquée, a été menée par des hommes armés venus du Liberia.
Armand B. DEPEYLA