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20 février 2013 3 20 /02 /février /2013 17:53

L'audience de confirmation des charges contre l'ex-président Laurent Gbagbo promet d'être électrique. Le ton en a été donné dès la première journée qui s'est tenue hier, mardi 19 février, à La Haye.


C'est l'un des procureurs de la Cour pénale internationale( Cpi) qui a annoncé les couleurs de ce qui se projette comme une chaude empoignade entre la défense et l'accusation. Le premier couac est intervenu alors que l'un des avocats de Gbagbo, le Pr Jacobs, était en train de démontrer à la Chambre préliminaire I que l'affaire était irrecevable par la Cpi. Afin d'étayer sa position, l'avocat s'est employé à montrer que le dossier devait être renvoyé purement et simplement devant les juridictions ivoiriennes parce que la justice en Côte d'Ivoire a déjà ouvert une procédure judiciaire contre le même Laurent Gbagbo et donc est « capable » de le juger. Et que par conséquent, les gouvernants ont ainsi montré leur « volonté » de traduire tous les suspects devant la justice.


Pour lui donc, dès lors que la justice ivoirienne se montre capable de le juger et que les autorités font montre d'une réelle volonté d'engager des poursuites contre Gbagbo et bien d'autres personnes soupçonnées de crimes pendant la crise post-électorale, la Cpi doit juger l'affaire irrecevable et en conséquence renvoyer Gbagbo devant la justice ivoirienne.


Cet argument développé, l'avocat va poursuivre son intervention en tentant de situer la responsabilité de la communauté internationale, notamment de la France et des Nations Unies dans l'affaire au cœur de l'audience. « Il y a une volonté de la défense de Gbagbo de glisser sur le terrain politique et pointer du doigt la France et l'Onu ; c'est mal venu », a commenté un observateur sur un plateau de télévision. C'est justement cette sortie, jugée mal à propos, qui a fait bondir un substitut du procureur, qui est intervenu pour recadrer le Pr. Jacobs. « Ce n'est pas l'occasion de faire des déclarations préliminaires avant que le procureur n'ait présenté ses charges », interrompt-il son vis-à-vis. Une intervention bien accueillie par la présidente du tribunal, Sylvia Fernandez de Gurmendi. « En tout cas, c'est vrai », acquiesce-t-elle en effet, avant de demander à la défense de revenir à l'objet précis de son argumentaire. « Vous avez 5mn pour conclure », somme-t-elle pratiquement l'avocat de Gbagbo.


L'autre temps fort de cette audience, c'est sans aucun doute l'interruption de son intervention par le même substitut du procureur, qui voulait ainsi laisser l'occasion au principal conseil de Gbagbo, Me Altit, de réagir. C'est que le substitut du procureur le sentait piaffer d'impatience pendant que l'accusation tentait d'expliquer que l'affaire peut bien être jugée par la Cpi. «  Je tiens à affirmer immédiatement que l'accusation démontrera clairement que cette affaire est tout à fait admissible devant la Cour, lance le substitut du  procureur. Que M. Gbagbo ne saurait être libéré des charges qui pèsent contre lui car il n'y aucune commune mesure entre les charges auxquelles M. Gbagbo fait face en Côte d'Ivoire et les charges de crimes contre l'humanité, de persécution, de viol, d'actes inhumains... ». Et d'asséner par la suite : «  Nous démontrerons que cette écriture déposée quatre jours avant l'audience ( parlant d'un document de la défense, ndlr) est un écran de fumée. Et est destinée à plaider pour la galerie ».


Constatant que Me Altit semblait démangé par une envie irrépressible de prendre la parole, il suspend net son propos et lui lance : « Me Altit, voulez-vous vous adresser à la Cour ? Je m'assois et vous laisse la place ». Celui-ci ne se fait pas prier, qui lui donne la réplique : « Ce n'est pas le lieu pour un procès d'intention. Ce n'est pas le lieu pour des accusations gratuites... ».Il est aussitôt coupé par la présidente du tribunal. « Je m'excuse de vous interrompre. Vous aurez l'occasion de lui répondre... », le rappelle-t-elle à l'ordre. L'audience s'est poursuivie dans une ambiance moins heurtée. Un second substitut du procureur est en effet intervenu par la suite pour essayer de démonter les arguments de la défense de l'ancien chef de l'Etat, sous le regard perdu d'un Laurent Gbagbo visiblement en bonne forme.


Assane NIADA

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