Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
14 avril 2013 7 14 /04 /avril /2013 15:18
 

C’était il y a deux ans jour pour jour, le 11 avril 2011. La démocratie s’abattait dans un déluge de feu et de sang sur la Côte d’Ivoire. Piétinant les cadavres encore chauds, une nuée de perroquets à micro et oreillette chantaient la joie et la paix retrouvées grâce à l’OTAN victorieuse contre le tiers monde. Gbagbo capturé, son rival Ouattara du FMI pourrait enfin exercer le pouvoir présidentiel que la communauté internationale™ s’était empressée de lui reconnaitre le 2 décembre 2010. Sentant la bonne affaire pétrolière, Ottawa avait d’ailleurs été l’une des premières capitales à se réjouir des résultats électoraux décrétés par un haut fonctionnaire onusien, en lieu et place des institutions ivoiriennes dument habilitées.

Puis, plus rien. Fini, le feuilleton postélectoral de la Côte d’Ivoire à Radio-Canada, dans La Presse et dans Le Devoir. Plus besoin d’en parler, puisque les horreurs de l’époque Gbagbo étaient définitivement chose du passé. N’y avait-il pas un dictateur en Libye qui méritait une bonne leçon otanesque de respect des droits de la personne ? N’y en avait-il pas un autre en Syrie ? Perroquets et champions du copier-coller ne manqueraient pas de pain sur la planche ailleurs. Satisfaits, les médias unanimes laissèrent gentiment les Ivoiriens retrouver leur sérénité.

La plupart des lecteurs de Vigile étant des gens avertis, ils ne se seront pas surpris d’apprendre — s’ils ne le savent pas déjà — qu’en réalité, les deux dernières années de régime prétendument démocratique ont été infernales pour les Ivoiriens. Aussi infernales que les huit années et demi précédentes de guerre civile, cadeau de Chirac, Sarkozy et Ouattara. Malheureusement, les lecteurs de Vigile ne constituent qu’une infime minorité des Québécois. La vaste majorité continue de vivre dans l’univers fantaisiste créé de toutes pièces par les patrons de presse pour les endormir. La fabrication du consentement, dirait Chomsky. Un consentement de plus en plus criminel, qui s’apparente à celui des Allemands dont Goebbels cultivait l’insouciance et le sentiment de supériorité pendant que les panzers défilaient sur les Champs-Élysées… jusqu’à ce que les bombes pleuvent sur Dresde.

En ce sombre anniversaire, je souhaite brosser le tableau des deux dernières années de calvaire des Ivoiriens dans l’espoir que j’éveillerai quelques consciences de plus. Non pas que ce soit le seul drame sur terre. D’autres peuples souffrent autant. Pensons seulement aux victimes de Paul Kagame en RDC et au Rwanda. Pensons aux Syriens massacrés par les terroristes salafistes de l’OTAN et des pétromonarchies. Il faudra certes en reparler, comme beaucoup l’ont fait déjà sur Vigile et les autres tribunes échappant à la dictature médiatique.

Le drame ivoirien n’est pas le seul, mais c’est en éclairant d’une lumière crue tantôt une souffrance, tantôt l’autre que nous arriverons à percer le brouillard qui aveugle les consciences. En éclairant non seulement la souffrance elle-même, mais également, et surtout, les vrais responsables. C’est ainsi qu’un jour peut-être, une masse critique de Québécois, en particulier parmi les acteurs politiques de bonne foi, comprendra qu’elle est manipulée à l’extrême par de grands criminels — rien à voir avec la petite racaille de la commission Charbonneau — et que le monde n’est pas du tout celui dans lequel elle croit vivre.

Le peuple québécois aura d’autant plus de chances de se libérer du carcan dans lequel l’ont enfermé ses exploiteurs — membres enthousiastes du syndicat du crime massacreur d’Africains — qu’il saura échapper à la manipulation incessante de la pensée par les médias. Le grand capital, ennemi de l’intérêt général et de la souveraineté des peuples, doit par conséquent déployer des moyens colossaux afin qu’une telle chose n’arrive pas, sous peine de perdre son droit divin de s’enrichir infiniment avec le travail des autres.

Qui a gagné l’élection présidentielle en Côte d’Ivoire ?

Parallèlement aux horreurs vécues par les Ivoiriens, dont nous reparlerons dans un instant, s’est déroulée à la lugubre Cour pénale internationale (CPI), du 19 au 28 février 2013, l’audience de confirmation des charges contre Laurent Gbagbo, président de la Côte d’Ivoire renversé et humilié par l’armée française. Fidèles à leur habitude d’occultation et de suivisme, les médias québécois se sont bornés, au sujet de cette procédure, à retranscrire quelques brefs articles de la presse proche du gouvernement et des grands patrons de l’Hexagone.

Pourtant, l’un des personnages principaux de cette sombre comédie judiciaire est un Québécois, Éric MacDonald, premier substitut de la procureure Fatou Bensouda et honte de sa patrie. M. MacDonald suit les traces de Louise Arbour, seule juge de la Cour suprême du Canada à avoir démissionné, ce qu’elle a été forcée de faire en raison de son passé inavouable de complice de Paul Kagame, l’un des plus grands criminels de l’histoire de l’humanité. M. MacDonald a présenté un dossier à charge très peu convaincant contre Gbagbo. Il n’a pas fait enquête sur le terrain, comme l’a relevé l’avocat principal de la défense, Emmanuel Altit. M. MacDonald s’est contenté de faire une revue de la presse pro-Ouattara, truffée de racontars au sujet des prétendus crimes de Gbagbo, ce qui est très loin d’un vrai travail judiciaire.

Que les médias québécois aient préféré la chasse aux magouilleurs des voiries municipales à la procédure contre Laurent Gbagbo est compréhensible, car ils pourraient ressortir très écorchés de ce combat épique et fondamental entre les forces du mensonge et celles de la vérité. Quel que soit le jugement de la CPI, l’Histoire finira par retenir que Laurent Gbagbo a commis un seul crime : celui d’avoir résisté à la servitude imposée par l’ordre néolibéral assoiffé du sang des Africains et avide des généreuses marges bénéficiaires tirées entre autres du cacao, du café, du bois, du pétrole, des diamants, de l’or, de l’uranium, de la cassitérite et du coltan.

De l’esclavage à la néocolonisation, l’Afrique des danses et des chants envoutants a été un immense réservoir de richesses humaines et naturelles bon marché pour les économies occidentales, mais ces richesses ont peu profité au développement des peuples africains, ce que Gbagbo a voulu changer, à l’instar de Kadhafi. Voilà la vraie raison pour laquelle il devait être diabolisé et mis hors d’état de « nuire ».

Le 28 février, à la CPI, Laurent Gbagbo a pris la parole. Évidemment, aucun média n’a retransmis son discours, mais les lecteurs de Vigile le trouveront au bas du présent article, dans les « images de la démocratie ». Ce grand homme de dialogue et de paix, père du multipartisme en Côte d’Ivoire, qui n’a rien à envier ni à Mandela, ni à Gandhi, a déclaré entre autres ceci :

On ne peut pas débattre de la crise postélectorale et ne pas savoir comment les élections se sont passées. Qui a gagné les élections ? Parce que c’est celui qui ne les a pas gagnées qui a semé le trouble. […] quand je demandais qu’on recompte les voix, ce n’était pas une phrase en l’air.

Vous avez vu vous-mêmes les documents dont dispose l’accusation et sur lesquels les voix des électeurs sont répertoriées. On a vu que, dans la seule ville de Bouaké, on a ajouté 100 000 voix à mon adversaire.

[…] je n’ai jamais cru que la Côte d’Ivoire allait s’en sortir par la guerre. […] J’ai toujours cru qu’on s’en sortirait par la discussion. […]

La démocratie, c’est le respect des textes, à commencer par la plus grande des normes en droit, qui est la Constitution. Qui ne respecte pas la Constitution n’est pas démocrate.

Madame, c’est parce que j’ai respecté la Constitution qu’on veut m’amener ici. Alors, bon, je suis là, mais je compte sur vous. Je compte sur vous parce que je souhaite que tous les Africains, tous les Africains qui me soutiennent et qui sont tout le temps ici devant la Cour, devant la prison, qui sont dans leur pays en train de manifester, en train de marcher, tous ces Africains-là, qu’ils comprennent que le salut, pour les États africains, c’est le respect des Constitutions que nous nous donnons et des lois qui en découlent.

Gbagbo souhaite donc que, malgré l’immense sentiment d’injustice qui habite sans doute des millions d’Africains aujourd’hui, ceux-ci comprennent que le salut est dans « le respect des Constitutions […] et des lois qui en découlent ». Voilà des paroles lourdes de sens. Il n’y aura ni paix, ni développement sans respect de la loi et des institutions, et il revient à la CPI de donner l’exemple en manifestant elle-même ce respect.

Partager cet article
Repost0

commentaires

Présentation

  • : Le blog de yakocotedivoire.over-blog.com
  • : Blog créé à la suite de la crise post électorale en côte d'ivoire afin de me servir d'outil de compilation d'informations de toutes provenances.
  • Contact

Recherche

Archives

Liens