18 janvier 2013
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En visite en Allemagne, le chef de l’Etat, Alassane Dramane Ouattara a fini par concéder
que son régime n’était pas prêt pour organiser les élections locales aux dates pourtant annoncées à grand renfort de publicité. Le dernier conseil des ministres,
au terme duquel le porte parole du gouvernement, le tonitruant Bruno Koné, disait, à qui voulait l’entendre, que le gouvernement maintenait les dates du
double scrutin municipal et régional n’est plus qu’un vieux souvenir.
Mais, pour essayer d’amoindrir les conséquences de cette volte-face dans l’opinion, Ouattara
et ses amis ont décidé de s’adonner à leur jeu favori. La fuite en avant, la propagande et le mensonge d’Etat pour espérer tromper les plus naïfs.
Il en va ainsi de l’argument selon lequel, le pouvoir aurait décidé de décaler la date des élections pour permettre la participation du Front
populaire ivoirien (FPI). Pourtant, une simple analyse de la situation socio-politique montre bien qu’il n’en est rien.
En effet, si le pouvoir voulait vraiment la participation du FPI aux élections locales, les
conditions auraient été réunies depuis bien longtemps pour respecter les dates initiales. Parce que c’est dès juin 2011, que le FPI a écrit à Ouattara pour lui
soumettre ses préoccupations en vue de l’assainissement de l’espace politique, après la crise électorale. Ces préoccupations tournent essentiellement autour de la libération
de tous les prisonniers politiques civils et militaires, du retour apaisé de tous les exilés, la recomposition de la Commission électorale indépendante (CEI), la
réforme du secteur de la sécurité, avec pour conséquences le désarmement de toutes les milices du pouvoir.
Jusque-là, le pouvoir est resté sourd et muet face à ces revendications légitimes. Sur le front des
prisonniers politiques, civils et militaires, le président du FPI, Pascal Affi N’guessan, ces deux viceprésidents, Simone Ehivet Gbagbo et Abou Drahamane Sangaré, sont en
prison depuis plus de vingt mois sans jugement. Le secrétaire général par intérim, Laurent Akoun, son adjoint le ministre Alphonse Douati les ont rejoints depuis plusieurs mois. Sans
compter les nombreux autres cadres, jeunes et moins jeunes, militaires et civils qui s’entassent chaque jour encore dans les geôles du pouvoir.
Ne parlons même pas des réformes de la CEI et du secteur de la sécurité qui sont au point mort. Auxquelles
il faut ajouter, le problème du financement des partis politiques sur fonds publics. Dossier sur lequel les premières propositions du pouvoir, ressemblent plus à de la
plaisanterie qu’à une volonté de faire appliquer une loi dont les actuels tenants du pouvoir ont pourtant largement bénéficié quand ils étaient dans
l’opposition.
On se demande bien dans ces conditions comment le pouvoir peut sérieusement parler de la
participation du FPI à une élection, alors qu’aucun des sujets soulevés n’a encore fait l’objet d’un début de discussion ?
Est-il raisonnable de faire croire que le FPI peut abandonner tous ses responsables en prison pour
aller à des élections ?
Le pouvoir sait que la réponse, c’est non ! Mais pour cacher ses propres difficultés internes,
il utilise le FPI. Un vrai faux alibi.
Mais que voulez-vous ? Ainsi va un pays émergent !
Guillaume T. Gbato