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12 mai 2013 7 12 /05 /mai /2013 16:59

Le FPI a-t-il perdu la raison ? (1ère partie) Les névroses et les psychoses du FPI – « Le fou, c’est celui ne peut ni aimer, ni travailler »

Une tribune internationale de Franklin Nyamsi Agrégé de philosophie, Paris, France.

Lu sur http://www.blogguillaumesoro.com/blog/suite-p.php?newsid=2350

Une organisation politique, en tant que cerveau social, est supposée bénéficier, du fait de la pluralité des compétences de ses adhérents, d’une vision intersubjective du monde qui la rapproche un tant soit peu d’une certaine objectivité. La raison, cette faculté dite du bon sens, est éminemment sociale. Mise en commun des intelligences, le parti est donc supposé compenser les limites individuelles par la coopération rationnelle de sa direction, de ses cadres et de ses adhérents de base. Pourtant, la masse, quelle qu’elle soit, n’est jamais un critère suffisant de vérité ou de justice. Mais que se passe-t-il alors quand un cerveau social s’emballe ? Que se passe-t-il quand dans une organisation, ce sont la foule et la canaille qui prennent le pouvoir ? Que se passe-t-il quand la raison est submergée par les ratiocinations des raisonneurs qui ont depuis longtemps cessé d’être rationnels et raisonnables ? Concrètement, que se passe-t-il quand ce n’est plus la pensée d’un Mémêl Fotê, mais celle d’un Blé Goudé – « Général » de la rue – ou d’une Simone Gbagbo – Prêtresse du Palais – , ou encore celle, plus frelatée, d’un Damana Pickass – roi de la Casse -, qui inspirent un parti politique ? Quand ce sont les résonances et les rots infects des répondeurs de rue qui font office de pensée, il y a péril en la demeure d’une nation.

Or tel un bateau ivre, le FPI est depuis décembre 2010 dans une violente tourmente, confronté qu’il est à la tempête levée par les vents qu’il a lui-même semés. Le pouvoir absolu exercé par la Refondation pendant dix ans sur les Ivoiriens, lui est résolument monté à la tête et bien que le peuple l’ait déchargé de la gouvernance de son destin, le parti de Gbagbo, continue d’aller de convulsions en convulsions, comme étranglé par des forces de mort refluant à la surface de son être, et l’assignant à un comportement suicidaire et mortifère. Or, un parti, en tant que groupe humain intégré, est aussi une personne morale, douée d’une conscience collective, capable de santé et de maladie comme les personnes individuelles. Ne faut-il pas recourir, dans de telles conditions, aux enseignements de la psychologie, et mieux encore, de la psychologie sociale pour comprendre le grand mal dont souffre le FPI ? Nous nous exprimerons ici en deux moments : 1) La méthode de notre diagnostic psychopathologique de l’état mental du FPI et les symptômes et pathologies avérées dans le grand corps malade du FPI ; 2) Les aboutissements redoutés et/ou proposables à la crise physique, mentale et spirituelle grave qui traverse ce parti de l’opposition non-parlementaire de Côte d’Ivoire. La matière de nos deux tribunes réservées à l’état de santé mentale du FPI est ainsi annoncée. Il importe simplement, avant de clore cette introduction, d’indiquer que nous doutons que l’on puisse définitivement choisir entre les deux thèses que voici : Thèse A : le FPI est devenu fou/ Thèse B : le FPI joue au fou.

Notre hypothèse finale est que ce parti, fidèle à sa duplicité originelle, joue et ne joue pas. Il est à la fois responsable et victime de sa propre turpitude, en raison d’une profonde illusion victimaire née de sa propre mauvaise foi. C’est un hybride inassumé. Les lignes qui suivent s’efforceront de l’établir.

I

Questions de méthode et symptômes psychonévrotiques du FPI

Notre méthode consistera à partir de la classification psychopathologique ordinaire des maladies mentales pour esquisser un diagnostic de la pathologie de groupe des Refondateurs. La technique de ce diagnostic consistera à remonter des symptômes vers la maladie, de telle sorte que, selon le mot célèbre du psychanalyste Lacan, la maladie se révèle pleinement comme « le mal à dire ». En effet, dans la nomenclature des maladies mentales graves, on s’accorde à considérer qu’il existe une gradation, allant des troubles légers de la personnalité, appelés névroses, aux troubles beaucoup plus graves de la personnalité, les psychoses ou psychonévroses. Dans la névrose, qu’elle soit phobique, obsessionnelle ou hystérique, le sujet est sous tension, en raison d’un conflit entre ses désirs inconscients et semi-conscients, d’une part et la réalité physique, socio-économique, culturelle ou politique d’autre part. La psychose – nommée folie dans le discours ordinaire – quant à elle se laisse saisir comme un trouble grave de la personnalité, caractérisé par un phénomène dit de déréalisation, pouvant entraîner la perte du sens de l’identité personnelle, le brouillage voire la disparition d’une mémoire cohérente, la perte du sens de la réalité extérieure et le retour à une fusion archaïque et chaotique avec un Tout recherché comme Mère-refuge, dans un repli régressif et incestueux vers l’unité imaginaire et originaire. Le psychotique est alors dans la confusion totale. Quand il est maniaco-dépressif, il alterne des périodes de grande agitation avec des périodes d’hébétude, où il paraît éteint, abattu, résigné. Quand le psychotique évolue vers une paranoïa hystérique, il voit des ennemis partout et en tout, multiplie des boucs-émissaires. Quand le psychotique s’installe dans la séparation de soi-même – la schizoïdie, du Grec schizein, qui veut dire « séparer », « diviser en soi », le pire est assuré. La double, triple, voire quadruple personnalité s’installe et rien de ce que dit ou fait le sujet ne signale ses intentions collatérales. Voilà pour la théorie, avec les simplifications que l’exposé médiatique nous impose. Venons-en maintenant à la pratique historique du sujet-FPI.

Comment la personnalité du collectif-FPI s’est-elle donc fissurée tout au long du temps ? Trois phases de dégradation de la psychologie collective du FPI sont observables dans l’histoire récente. Elles se recoupent du reste avec les trois types de névroses classiques. Obsessionnel, phobique et hystérique, le FPI l’est depuis longtemps. J’ai dit obsessionnel ? Habité de longue date par le désir du pouvoir comme moyen de pure jouissance archaïque, Laurent Gbagbo, à la tête du FPI, insuffla très tôt un pragmatisme sans foi ni loi qui allait plus tard se nommer « boulangerie politique ». Faisant feu de tout bois, le FPI s’engagea de longue date à prendre le pouvoir, fût-ce au prix d’une relation incestueuse avec l’idéologie fusionnelle de l’ivoirité. Phobique, ai-je dit ? Au cœur des années 80- 90, le FPI se dressa contre le monopartisme du PDCI de Félix Houphouët-Boigny, au nom d’une revendication apparemment légitime de pluralisme et d’instauration d’une démocratie représentative moderne accessible à tous les Ivoiriens, quelle que soit leur idéologie politique. Pourtant, dans le même moment, le FPI se spécialisait dans l’assimilation de la politique d’Houphouët à celle de l’invasion étrangère en Côte d’Ivoire. Le même parti, qui se battait apparemment pour l’universalisme démocratique et l’intégration africaine, embouchait réellement d’ores et déjà les trompettes de l’exclusion xénophobe et du national-chauvinisme. Le désir de fusion identitaire de la nation se déguisa ainsi en désir de démocratie : un conflit intrapsychique s’empara très tôt ainsi de la Maison Bleue. Elle ne put défouler cette tension interne que par la bouc-émissarisation des Etrangers et des Ivoiriens les plus vulnérables d’alors, les originaires du Nord. N’avais-je pas dit hystérie ?

C’est une loi de la psychologie individuelle et sociale : les névroses non soignées ont tendances à s’aggraver, presque jamais à stagner. Les signes névrotiques du FPI allaient précisément s’aggraver quand s’accéléra la guerre successorale ivoirienne. Ils allaient se muer en psychose maniaco-dépressive, paranoïa et schizoïdie avancées. Ce que la langue ordinaire nomme « folie ».

Quand Henri Konan Bédié succéda à Félix Houphouët-Boigny à la tête de l’Etat de Côte d’Ivoire en 1993, un Front Républicain rapprocha le FPI du RDR, démembrement sorti du PDCI pour contester le principe de la succession dynastique qui semblait s’imposer aux Ivoiriennes et aux Ivoiriens alors même qu’après la chute du Mur de Berlin et la montée en gamme des demandes africaines de nouveaux droits, une vague irrésistible s’était levée dans tout le continent noir contre tous les despotismes. Or, le pacte de non-agression du Front Républicain signé à la veille des élections de 1995 entre un excellent Djéni Kobina et un Laurent Gbagbo alors conscient de la difficulté de l’époque devait voler en éclats dès 1997-1998 quand d’une part Laurent Gbagbo torpilla par des manœuvres ethnicistes l’unité de la FESCI avant de se ranger, dès le coup d’Etat de 1999, du côté de ceux qui encourageaient le Général Guéi à éliminer les candidats du PDCI et du RDR aux élections présidentielles 2000, d’autre part. Ce qui apparut clairement au terme de l’élection présidentielle calamiteuse d’Octobre 2000 et du Charnier de Yopougon qui la ponctua macabrement, c’est que le FPI de Gbagbo ne s’était jamais battu, au fond, pour apporter la démocratie aux Ivoiriens. Ses véritables pulsions refoulées émergèrent au grand jour. Sa vraie finalité jouissive fut révélée dans une boutade de Laurent Gbagbo : « Avant, on n’avait rien. Maintenant, on a un peu. » Le régime de la Refondation, qui s’annonçait comme le retour aux valeurs de l’Etre contre celles de l’Avoir, s’embourba lui-même outrageusement dans les valeurs de l’Avoir auxquelles il ajouta celles du Paraître. Le pouvoir politique fut alors réduit à l’Imago du Bon Sein maternel. Les Refondateurs s’entêtèrent depuis lors à la tétée.

Pendant plus de dix ans, d’octobre 2000 à avril 2011 au moins, le FPI donna la mesure de sa haine des valeurs que sa création dans les années 80 promettait pourtant de promouvoir sans réserve :

1) La quête de démocratie fut remplacée par la surenchère de l’anticolonialisme dogmatique. Autrement dit, le pouvoir revendiquait le droit de tuer et exclure, de discriminer librement les Ivoiriens et les habitants de Côte d’Ivoire, en échange d’une haine médiatique entretenue contre l’Occident et notamment la France, pour le soi-disant bien des Africains. Ceux qui prétendaient défendre l’Afrique contre la France pourchassaient au même moment le Burkinabé, le Malien, le Guinéen, le Mauritanien, le Sénégalais, comme le Français en Côte d’Ivoire. Il s’agissait donc d’abriter la plus aberrante des criminalités politiques derrière la rhétorique anti-impérialiste. Cependant, celui qui hurlait dans tous les tabloïds qu’il n’était pas le sous-préfet de la France multipliait des gages concrets à la stabilité des intérêts stratégiques de la France en Côte d’Ivoire : il ne démantela ni le Franc Cfa, ni les Accords de Défense qu’il activa du reste en 2002, ni la présence militaire française dans son pays. Le Discours du FPI est depuis lors maniaco-dépressif : un temps le FPI jure ses grands dieux qu’il ne veut que la démocratie et la paix pour son peuple et surtout point la violence. C’est le slogan « asseyons-nous et discutons » bien souvent utilisé en période de dépression ; un autre temps, quand il s’est autant réarmé moralement que matériellement, le FPI éructe par la voix de son Chef : « mille tomberont à droite, dix mille à gauche, mais moi j’avance ».

2) Le soi-disant progrès économique promis aux millions de gens qui crurent en ses couverture maladie universelle, école pour tous, routes et hôpitaux à gogo, emplois à foison, etc, ce progrès donc, ne vint jamais. A la place, ce sont les scandales du Café-Cacao ou du Trafigura, l’économie de la guerre et les fastes suspects de la Rue Princesse qui prirent le pas dans l’actualité. Des pans entiers de l’économie ivoirienne s’effondrèrent. Par dizaines de milliers les touristes et les immigrés quittèrent leurs entreprises et le pays, l’âme en peine de voir la perle des Lagunes abandonnée aux pourceaux. L’abandon des jeunes, contraints au désoeuvrement et à la milicisation, le mépris de l’intelligentsia critique, la haine des valeurs concurrentielles de l’économie de marché livrèrent le pays au désespoir. Heureusement, il y avait un défouloir, une riche bordée d’exutoires pour distraire le peuple en présentant les Alassane Ouattara, Guillaume Soro, Blaise Compaoré, Jean-Hélène, Guy-André Kieffer, et Cie, comme les vrais coupables du marasme. La Côte d’Ivoire fut livrée à la paranoïa hystérique du complot étranger et l’on mobilisa tous les porte-voix du ressentiment stérile à travers le continent, pour le pèlerinage suprême d’Abidjan. L’ennemi étant partout, il n’était nulle part. L’atmosphère devient irrespirable. La diagonale du fou battait ses records.

3) La régression civilisationnelle de la Refondation installa définitivement la psychose à travers le triomphe de l’abjection et de la déjection publiques. Matelas dehors et chambre présidentielle sous caméras mondiales, Gbagbo donna la démesure de son hubris. Le pouvoir instaura une économie langagière de la grossièreté impudique, de la propagande haineuse, de l’incitation au crime et de la banalité du mal. Le pire dans cette affaire du pouvoir FPI vint de la systématisation précoce de l’idéologie de la mort promise et donnée au sommet de l’Etat. Le Général Guéi et sa famille y passèrent par pertes et profits. Commandant et commanditant directement les Escadrons de la Mort, après l’ignominie d’octobre 2000, le FPI organisa depuis le palais de la présidence les éliminations et les intimidations, tels les massacres de mars 2004, les contraintes à l’exil et les admonestations suprêmes qui transformèrent la Côte d’Ivoire en société de terreur verbale, médiatique, psychologique et physique. Pour faire barrage à cette violence, le mensonge flagrant fut transformé en vertu officielle, révisionnisme et négationnisme étant les signes de reconnaissance des élites du FPI. La schizoïdie – dédoublement de personnalité à l’infini- a depuis lors pris ses quartiers dans la Maison Bleue, se montrant remarquablement dans le déni forcené de la réalité qui caractérise les prises de positions et attitudes des cadres de ce parti. N’est-ce pas cette logique aveugle qui a conduit ce parti à nier contre toute évidence sa défaite électorale à la présidentielle de décembre 2010 et à précipiter à coups d’obus tirés sur des civils, la Côte d’Ivoire dans une tragédie de trois mille morts ? N’est-ce pas cette crise psychotique qui se poursuit avec l’Appel lancé récemment par le FPI pour une reconstitution d’alliance ivoiritaire avec des extrémistes survivant au PDCI ? N’est-ce pas au nom de ce principe du « Niet absolu » que le FPI brûle aujourd’hui ses vaisseaux dans une politique de la chaise vide qui s’accompagne de la réactivation outrancière de tous les réseaux de la bêtise identitaire en Côte d’Ivoire ?

Les psychopathologues observent en général que « le fou, c’est celui qui ne peut ni aimer, ni travailler ». Tout analyste objectif doit pouvoir constater que le FPI ne travaille plus dans l’intérêt général des Ivoiriennes et des Ivoiriens. On voit bien aussi, à ce qui précède, que le FPI, manifestement, ne s’aime plus et n’aime plus personne, puisqu’il s’attèle à rouvrir les plaies que le sens de l’Histoire impose de cautériser par la démocratie, le progrès socioéconomique et la réconciliation en Côte d’Ivoire. Le FPI semble manifestement avoir perdu sa raison d’être, sa raison d’agir, sa raison de penser. Or, pour ce grand pays d’Afrique francophone, il ne faudra surtout pas laisser re-faire la tragédie du FPI. L’inceste politique non-soigné tourne vite à l’orgie identitaire. Il importe donc, au plus haut point, de savoir comment soigner ce « grand corps malade ».Encore faudrait-il définitivement savoir si le FPI est vraiment fou, ou s’il fait le fou… Soyons prudents.

Affaire à suivre dans notre prochaine tribune : Pour une psychothérapie collective du FPI.

Le titre est du Journal de Connection [ljdc.info]

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