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20 mai 2013 1 20 /05 /mai /2013 18:01

Après le retour manu militari de Simone Gbagbo en résidence surveillée à Odienné, le Front populaire ivoirien (Fpi), le parti politique dont elle est la 2è vice-présidente à qualifié le régime en vigueur en Côte d’Ivoire de dictature mais, en réalité, à l’observation historique du système de terreur instauré depuis le 11 avril 2011, la qualification du régime ivoirien est plus proche du fascisme déjà vécu en Italie

Je suis professeur d’histoire et géographie des lycées et collèges de Côte d’Ivoire depuis 1988, j’ai fait toutes mes études primaires, secondaires et supérieures dans ce pays. Depuis la chute du président Laurent Gbagbo, j’ai constaté que les ivoiriens vivent dans un régime d’exception que nous enseignons mécaniquement depuis 50 ans aux élèves ivoiriens sans trop y faire à attention.
Dans la Côte d’Ivoire du régime d’Alassane Ouattara, dans les administrations publiques et semi-publiques, les principaux cadres dirigeants sont tous issus de l’ethnie du président de la république; les chefs des grands commandements de l’armée, de la police, de la gendarmerie, de la douane et des eaux et forets sont tous originaires du nord ivoirien ; tout citoyen ordinaire qui a une opinion divergente de celle du parti politique du chef de l’Etat est violenté, tué ou conduit sans procès en prison; tous les dirigeants du principal parti de l’opposition (Fpi) sont emprisonnés sans raison ou contraints à l’exil, pour échapper à une mort certaine; les milices tribales « dozo »assurent la contrainte sécuritaire dans les 5 000 villages et hameaux du pays, en lieu et place de la Gendarmerie et de la Police nationale; l’opposant politique est perçu comme un ennemi de la nation et non un pourvoyeur d’idées nouvelles contradictoires, si bien que toutes les manifestations publiques initiées par l’opposition sont réprimées dans le sang; les dirigeants de l’opposition qui initient des tournées politiques sont arrêtés , jetés en prison ou assignés à résidence dans sa région d’origine.
A l’université, les organisations syndicales sont interdites et les principaux dirigeants syndicaux renvoyés. Seule la pensée unique inspirée de l’ethnie du chef de l’Etat et de son parti politique le Rassemblement des républicains (Rdr) doit avoir pignon sur rue pour tout citoyen ivoirien qui veut jouir du droit à une vie paisible.
Le chef de l’Etat, est le ministre de la défense ; président du Conseil supérieur de défense ; président du Conseil de sécurité intérieur ; président du Conseil supérieur de la magistrature et président de son parti politique le Rdr. Le président de la république vient de se faire octroyer tous les pouvoirs des députés pourtant, tous issus de sa secte politique, pour pouvoir prendre à sa guise, sans aucune opinion éventuelle contraire, toutes les lois relatives à la gestion économique du pays et tout ce qui concerne les rapports sociaux entre citoyens.
C’est lorsque Monsieur Ouattara a annoncé au terme d’une tournée politique dans la localité de Man, située dans l’ouest du territoire ivoirien, où les terres sont exploitées illégalement par des ressortissants de son groupe ethnique, pendant que les propriétaires ont été tués ou sont en exil, qu’il allait reformer avant la fin de l’année 2013, les deux principales lois qui divisent profondément la société ivoirienne à savoir, le code foncier et le code de nationalité que, dans ma « tête » d’enseignant d’histoire et géographie, je me suis rendu compte que le drame que nous vivons de manière brutale en Côte d’Ivoire depuis 2011, est un système politique dont l’étude figure depuis 1960, dans les programmes d’enseignements des classes de 4è et 1ère , des lycées et collèges d’enseignement secondaire général et est intitulé : les régimes totalitaires, le fascisme et le nazisme.
J’ai relu mes fiches de préparations et me suis rendu à l’évidence que, le système politique en vigueur en Côte d’Ivoire correspond de assez nettement, aux caractéristiques du fascisme tel qu’il fut appliqué en Italie entre les deux guerres mondiales. Un peu comme le cancérologue qui se rend compte que les symptômes du mal dont il souffre lui-même, et qu’il tente de vaincre, ont évolué pendant deux années, pour présenter les signes cliniques d’un cancer avec des métatarses irréversibles qu’il ignorait alors que, c’est le contenu de l’enseignement qu’il dispense au quotidien dans les amphithéâtres aux étudiants en médecine.
Pour me rassurer que je n’enseignais pas du faux, depuis un quart de siècle aux élèves de Côte d’Ivoire, j’ai pris mon ordinateur et j’ai consulté l’encyclopédie libre « Wikipédia » sur un moteur de recherche. Je vous livre sans commentaire, la définition de ce dictionnaire du mot « fascisme » afin que chaque lecteur qui pourra lui aussi faire sa propre consultation, se fasse une opinion du drame silencieux que vit au quotidien, une partie des ivoiriens.
« Le fascisme en italien fascismo est un mouvement politique apparu en 1919. Le terme fascisme vient du mot « facio » (le faisceau) désignant un rassemblement des fusils au repos (Fafn /Frci-dozo !)…
Au sens strict, le terme désigne le mouvement politique fondé par Benito Mussolini quand il était au pouvoir de 1922 à 1945. Le fascisme est l’adversaire de la démocratie, du parlementarisme, de la société libérale, de la liberté économique, du socialisme et du marxisme. Le fascisme mussolinien était militaire et avait recours à la violence et ne croit pas à l’égalité entre humains. (pro-Ouattara /pro-Gbagbo!)
Au sens large, le terme s’est étendu à tout mouvement politique (Rdr) ou organisation politique (Rhdp) s’appuyant sur un pouvoir fort au service d’une classe humaine dominante (les nordiques et les houphouétistes). La persécution d’une classe ennemie chargée de tous les maux (Fpi et pro-Gbagbo), l’exaltation du sentiment nationaliste (tous ceux qui vivent en ci sont ivoiriens et ont droit à la propriété foncière) et le rejet des institutions démocratiques (prise des ordonnances par le chef de l’Etat pour voter lui-seul des lois. Le même Alassane Ouattara demande à la commission électorale de réserver une suite favorable aux requêtes de 50% des candidats indépendants élus aux élections municipales comme étant issus du Rdr alors que, les électeurs ont dans un scrutin secret, portés leurs choix sur des sigles autres que celui du parti présidentiel) ; la répression de l’opposition ( meeting du Fpi et de la jeunesses du Fpi réprimés dans le sang , le président du Fpi, 2 vice-présidents et 2 secrétaires généraux adjoints en prison depuis plus de deux ans).
Dans son acception la plus large, le terme fascisme est employé pour disqualifier l’ennemi politique. »
En rapportant en 2013, cette longue définition de terme fascisme à ce que vit, une partie des ivoiriens qualifiés de favorables au président Laurent Gbagbo, et cela, en présence de tous les ambassadeurs accrédités en Côte d’Ivoire, l’on se rend à l’évidence qu’au cœur de l’Afrique occidentale, il sévit un régime totalitaire effroyable recouvert par le manteau de la démocratie.
Les enseignants d’histoire et géographie des classes de 4è et de 1ère des lycées et collèges ivoiriens, n’ont plus à chercher des illustrations lointaines en Italie mais, comme le recommande tous les pédagogues, ils doivent prendre les exemples imagés de la leçon sur le fascisme, dans leur environnement immédiat en Côte d’Ivoire. C’est ce que j’ai compris et que je mets en pratique.

Une correspondance particulière de
Philippe Traoré
Professeur certifié d’histoire et géographie
Abidjan

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