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8 janvier 2013 2 08 /01 /janvier /2013 12:00

Pour l'éditorialiste Venance Konan, il devient plus qu'urgent que la Côte d'Ivoire et toute l'Afrique se dressent face aux dérives de ceux qui sont censés être à leur service.

 

Au début de l’année 2003, partis de Nzérékoré (sud-est de la Guinée) pour Conakry, en Guinée, par la route, nous sommes arrivés à la porte de la capitale, un peu avant minuit. Le chauffeur s’est arrêté et nous a expliqué que nous devions passer la nuit là. Pourquoi?


Parce qu’il n’y avait plus de taxis en ville et qu’il ne pourrait déposer chaque passager chez lui. C’était trop dangereux de les laisser tous seuls dans la ville, à cette heure-là.  


«Trop de bandits en ville?», ai-je demandé. «Non, trop de policiers!», m'a-t-on répondu. Oui, à cette époque, le grand danger à Conakry, à la nuit tombée, n’était pas les bandits, mais les policiers. Ceux à qui la société avait confié la mission de la protéger. Nous étions là au stade ultime d’un système qui s’autodétruit.


Les citoyens paient, à travers leurs impôts, en toute conscience (puisque tout le monde savait ce que les policiers faisaient), des salaires et des armes à un groupe d’hommes pour qu’ils les détroussent, les malmènent, les tuent.

Aucune complicité avec les parasites

Je suppose que lorsque les autres fonctionnaires se mettent en grève pour demander une augmentation de salaire, les policiers se joignent à eux, et lorsque, effectivement, ces salaires sont augmentés, ils en profitent aussi.


C’est, à des degrés divers, le comportement de la plupart de nos fonctionnaires dans nos pays, surtout ceux à qui nous avons donné des armes.


En République démocratique du Congo, chaque fois que le pays est attaqué, les militaires commencent par piller et violer leurs concitoyens, avant de laisser la place aux assaillants qui font exactement la même chose.


Au Mali, lorsque le capitaine Sanogo a pris le pouvoir, les militaires ont commencé par piller les biens des civils.


Lorsqu’il y a eu la guerre en Côte d'Ivoire, toutes les localités où nos soldats ont stationné pour «protéger» les populations civiles peuvent témoigner de toutes les exactions subies par elles de la part de nos «braves» soldats qui n’avaient cessé de réclamer, tous les jours, ce qu’ils appelaient des «haut-les-cœurs», c’est-à-dire des primes de guerre.


Oui, nos soldats réclamaient, chaque mois, des primes, pour la guerre qu’ils ne faisaient pas contre ceux qu’on appelait les rebelles, mais plutôt contre les populations civiles, celles-là dont les impôts devaient servir à les payer.


C’est là, la perversion de nos systèmes qui font que, malgré toute la bonne volonté de certains de nos leaders, malgré tous les efforts de ceux qui veulent sincèrement nous aider, nous ne décollerons jamais.

L'intransigeance, condition de la relance économique

Quand une entreprise, un système ou un Etat paie des milliers de personnes à ne rien faire, c’est déjà stupide et contre-productif. Et Dieu seul sait combien de personnes nous payons à ne rien faire dans nos administrations.


Mais quand, en plus, une société paie des milliers de gens dont la principale besogne est de ralentir l’activité économique, de harceler, malmener, rançonner ceux qui paient leurs salaires, c’est qu’elle est en train de se suicider.


Si nous acceptons, sans dire un mot, que des policiers, gendarmes, douaniers, contrôleurs d’impôts ou FRCI (Forces républicaines de Côte d'Ivoire) rançonnent tous les transporteurs de passagers ou de marchandises, tous les commerçants, tous ceux qui vont chercher le cacao dans les plantations pour le livrer dans les ports, que des «Eaux et Forêts» fassent pire que des braconniers, qu’à tous les niveaux de notre administration, des personnes payées par nos impôts nous rackettent avant de faire ce pour quoi nous les payons déjà; si nous acceptons tout cela sans broncher, sans murmurer, sans jamais protester, sans chercher à nous plaindre, sous-prétexte que «c’est comme ça»; si nous acceptons d’entretenir, à grands frais, des parasites et des prédateurs, il ne servirait alors à rien de parler de développement ou de pays émergent dans un futur datable.


Ce serait juste des incantations destinées à endormir le peuple pour mieux l’exploiter, ou pour capter les fonds des bailleurs. Nous n’en sommes pas encore au stade de la Guinée de 2003 (je ne sais pas si les choses ont changé dans ce pays, depuis lors), mais nous devons veiller à ne pas y arriver.


Nous devons être intolérants là-dessus. Pour mémoire, signalons que le Ghana a commencé à décoller lorsqu’il a réussi à mettre au pas la grande majorité de ses parasites et prédateurs.


Venance Konan (Fraternité Matin)

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8 janvier 2013 2 08 /01 /janvier /2013 11:45

Extraits du témoignage d'une Kenyane victime de l'esclavage notoirement pratiqué en Arabie Saoudite. Domestique chez des princes, après 3 ans et 10 mois de mauvais traitements, elle a fui lors d’une escale à Paris. (Nouvel Observateur 28/11/2012) 

« (...) Lorsque je décroche mon bac à 18 ans, je comprends que mon père a un plan pour moi. Loin de l’université : il m’a promise à un de ses amis, un « vieux » qui veut faire de moi sa quatrième épouse, en échange d’argent. Je ne veux pas de cette vie, je la repousse de toutes mes forces.(...) Mon grand frère, qui s’est rebellé, a quitté la maison pour aller à la capitale, Nairobi. Je vais partir moi aussi, moi qui n’ai jamais eu le droit de sortir seule dans la rue, je veux choisir ma vie. Une de mes amies a travaillé en Arabie saoudite. Elle peut m’aider à trouver un travail là-bas, le temps de gagner de quoi payer mes études. Sans rien dire, je prépare mon départ. Une famille cherche un professeur d’anglais pour deux ans. Ce sont de lointains parents du roi Fahd. On les appelle prince et princesse. Ils sont prêts à payer mon billet d’avion et à me fournir un visa. (...)  À Riyad, un policier me demande mon passeport. Je le lui tends. A ce jour, je ne l’ai pas retrouvé. (...) Une femme me désigne ma chambre : un compartiment dans un conteneur séparé en trois pièces. Je partagerai la mienne avec une Philippine. Deux autres employées, une autre Philippine et une Sri-Lankaise, dorment à côté. Près des chambres, une petite salle de bains, pas de fenêtre, juste une ouverture pour la climatisation. La maison est immense. Des salons, des chambres, des canapés, des tapis, des meubles à n’en plus finir. Vivent ici un couple et ses sept enfants, quatre filles et trois garçons. La princesse m’explique que je dois m’occuper de deux de ses filles, âgées de 13 et 15 ans, comme une mère le ferait : les nourrir, les habiller, les accompagner partout, m’occuper de leurs affaires, être à leur disposition 24 heures sur 24.


  « La princesse nous gifle »


Mes journées débutent à 5 heures du matin. Je prépare leur petit déjeuner, je les réveille et je les habille. Oui, même adolescentes, elles ne s’habillent pas seules. La première fois, la plus jeune m’a dit : "Mets-moi mes chaussettes, dépêche-toi !" Ensuite, nous partons à l’école. La famille possède six voitures, des grosses cylindrées, mais personne sauf le prince ne doit être seul avec son chauffeur. Je porte leurs cartables, les monte jusqu’à leurs classes. Puis je rentre faire le ménage. Je sais que la princesse passera son doigt pour vérifier qu’il ne reste pas un grain de poussière. Le plus pénible, c’est la lessive. La machine est vétuste. Il faut faire le rinçage à la main, ça prend des heures et l’eau est glacée. La buanderie est sur le toit de la maison. En hiver, on gèle. En été, la chaleur est si insupportable que nous sommes en sous-vêtements. Nous n’avons pas le droit de laver nos affaires dans la machine, devant nous contenter du lavabo. Parfois nous trichons bien sûr mais l’une d’entre nous, je ne sais pas pourquoi, nous dénonce. La princesse nous gifle. (...)

 

Le prince dirige une entreprise d’immobilier. Il part au bureau après la prière de la nuit. Il y reste jusqu’à 23 heures puis c’est l’heure du dîner. Nous attendons qu’ils terminent pour pouvoir manger à notre tour… s’ils nous laissent des restes, sinon nous devrons attendre le petit déjeuner du lendemain.(...) Je suis restée trois ans et dix mois chez eux, j’aurais pu y passer ma vie entière. Jamais un jour de repos et une vue bouchée par les rideaux aux fenêtres. Nous gagnons 600 riyals par mois (l’équivalent de 125 euros). Je n’ai pas le droit de téléphoner à ma famille. Les seules sorties, pour acheter des vêtements par exemple, doivent être autorisées par la princesse, et collectives, nous sommes toujours chaperonnées par un chauffeur. Elles sont très rares, peut-être deux fois par an. Sinon, nous sortons pour accompagner la famille. (...) On me raconte l’histoire de cette fille qui de désespoir s’est jetée du haut de la maison. Et celle qui a laissé son bébé de 3 mois chez elle, sans espoir de le revoir. On parle de cette patronne qui exige de sa bonne qu’elle tire la chasse d’eau à sa place.

 

Je comprends que sans passeport ni argent je suis prise au piège. (...)

 

En octobre 2008, la famille séjourne à Genève et décide de faire une escapade à Paris. Nous prenons le train. Je suis la seule domestique à être du voyage. Je reste dans la chambre, à faire la lessive à la main, puis à repasser le linge de toute la famille, les parents et leurs sept enfants. Un jour, alors que les autres sont sortis, le fils aîné ouvre la porte. Il est armé d’un couteau. Il me viole.

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7 janvier 2013 1 07 /01 /janvier /2013 12:32

Quelle est cette propension du régime génocidaire de Dramane Ouattara à accorder plus d’intérêt aux crimes commis contre les populations nordistes de la Côte d’Ivoire qu’à ceux commis contre les autres populations, et plus précisément les Wê de l’Ouest ivoirien ? La question mérite d’être posée, et l’éviter sous prétexte d’une absurde adhésion au « politiquement correct » revient à avaliser la politique d’épuration ethnique qui est présentement en exécution en Côte d’Ivoire.


Voici déjà 21 mois que 1200 habitants de Duékoué ont été massacrés dans la boucherie indescriptible des soldats et milices de Ouattara. Depuis, aucune excuse, aucun regret, aucune demande sincère d’enquête indépendante n’ont été proférés par Ouattara.


Entretemps, le 11 décembre 2011, 5 jeunes malinkés sont tués par les milices de Ouattara au cours d’une manifestation politique. Ici, la réaction ne se fait pas attendre : C’est le boucher lui-même qui monte au créneau, s’incline devant les victimes, demande pardon à la population malinké de Vavoua, et promet de prendre des sanctions immédiates contre les responsables des tueries.


Et puis, advint le massacre des réfugiés wê du camp de Nahibly au cours duquel des jeunes Malinkés, des dozos et des FRCI cassent du Wê sous le regard indifférent des autorités locales du régime génocidaire. Là encore, c’est un dédain total que les victimes et leurs familles reçoivent de Dramane, pour qui les cibles l’auraient bien cherché en accueillant dans ce camp des miliciens pro-Gbagbo. Aucune compassion, aucun regret !


Et puis survint la bousculade de la Saint-Sylvestre au Plateau, où des centaines de Malinkés subrepticement convoyés en bus afin de donner une aura de popularité à un événement boudé par la majorité des Abidjanais trouvèrent la mort. Et c’est le Branlebas de combat à Génocidoland : pleurs, agitation, désolation, discours compassionné, prise en charge, dédommagement, enfin, tout le tintouin quoi ! En moins d’une semaine l’enquête est bouclée et les « responsables » identifiés.


Et les sous-hommes de Duékoué et de Nahibly attendent toujours que justice leur soit rendue !


Ceux qui de peur de jouer les trouble-fêtes ou qui sous prétexte d’une adhérence burlesque au principe du « politiquement correct » feignent de ne pas voir l’injustice perpétrée contre les Wê par Dramane et sa clique se font les lâches auxiliaires du régime génocidaire de Dramane Ouattara.

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7 janvier 2013 1 07 /01 /janvier /2013 12:29
LE PRESIDENT
Abidjan, le 6 janvier 2013
A
Monsieur Daniel Kablan Duncan
Premier Ministre
Ministre de l’Economie et des Finances
Abidjan - Côte d’Ivoire
 
 
Votre invitation à la 3ème réunion du CPD
1301-001 / MK – NY – WS
Monsieur le Premier Ministre,

Nous accusons réception de votre courrier n°053 portant convocation de la 3è réunion du Cadre Permanent de Dialogue pour lundi 7 janvier 2013 à 15 heures.

Nous vous rappelons qu’en avril 2012, LIDER a pris part au dialogue politique entre le gouvernement et l’opposition, en vue d’apporter sa contribution à l’apaisement de la belligérance, au retour à l’Etat de droit et à la réconciliation indispensable pour surmonter les traumatismes causés par la crise ivoirienne depuis 2002, qui a culminé avec la crise postélectorale de 2010. Ces démarches ont été encouragées par la résolution 2062 du Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations unies.

Lors de cette rencontre de Grand-Bassam, un Cadre Permanent de Dialogue (CPD) avait été créé. Il avait été décidé que le CPD devait traiter les points suivants, selon un mode de décision consensuel à l’unanimité :

- Le statut de l’opposition et le financement des partis politiques de l’opposition extraparlementaire membres du CPD ;

- Les questions électorales, notamment le reformatage de la CEI, forclose depuis la tenue des élections législatives de 2011, l’actualisation de la liste électorale, le recensement de la population comme préalable à un redécoupage électoral consensuel etc. ;

- Les questions judiciaires et sécuritaires, notamment le respect de l’Etat de droit et le désarmement des ex-combattants, la fin de la justice des vainqueurs etc.

Or, depuis la création du CPD, alors que les commissions mises en place à cet effet sont au travail, nous constatons que les questions qui relèvent de sa compétence ont été traitées de façon unilatérale par le gouvernement, particulièrement en ce qui concerne les questions électorales. Il s’agit notamment des modifications du code électoral, du couplage des élections municipales et régionales, de la fixation de la date du scrutin couplé, d’un redécoupage des circonscriptions etc.

En parallèle, le statut et le financement de l’opposition, qui ont fait l’objet d’un traitement initié dans le cadre du CPD et ont abouti à la rédaction de deux avant-projets de loi signés par tous les partis politiques et observateurs de l’opposition présents au conclave de Grand-Bassam et devaient être finalisés au Parlement par l’adoption de lois y relatives, ont été systématiquement repoussés par le gouvernement.

Les exemples qui précédent témoignent que le gouvernement veut être le seul à contrôler l’agenda du CPD, afin de s’assurer que les objectifs qui lui sont fixés ne soient pas atteints. Par ailleurs, il est évident que le gouvernement utilise le Cadre Permanent de Dialogue uniquement à des fins de communication pour des opérations de charme à l’attention de la communauté internationale. Ainsi :

- La 1ère réunion a été convoquée au pied levé par M. Hamed Bakayoko, sans ordre du jour, alors que le premier ministre se trouvait à New York, en route pour la réunion de Rio + 20 ;

- La 2ème réunion a été opportunément convoquée lors du passage en Côte d’Ivoire de M. Jose Manuel Barroso, président de la Commission européenne. C’est lors de cette réunion qu’ont été mises en place les commissions de travail sur les questions électorales, le statut / le financement de l’opposition, les questions judiciaires et sécuritaires qui devaient présenter leurs rapports aux membres du CPD au mois de novembre.

- Vous convoquez la 3ème réunion pour lundi 7 janvier, ce qui coïncide fort à propos avec la venue en Côte d’Ivoire de Mme Christine Lagarde, directrice générale du Fond monétaire international.

Enfin, vous mentionnez dans votre courrier, reçu par email vendredi 4 janvier à 21 heures 14, la présentation des rapports des commissions du CPD parmi les sujets de discussion à l’ordre du jour, alors que vous n’êtes pas sans savoir que ce même vendredi, dans la matinée, le conseil des ministres a adopté 4 décrets (convocation du collège électoral pour les élections locales, modification des articles 1 et 2 du décret 2008-243, fixation du nombre et du lieu des bureaux de vote, fixation de la durée de la campagne électorale, sur proposition d’une CEI illégale), faisant ainsi preuve une nouvelle fois de sa mauvaise foi, de son arrogance et de l’irrespect notoire qu’il éprouve envers l’opposition politique en Côte d’Ivoire.

 
De ce qui précède, il ressort que si le CPD, depuis sa création, n’a rien apporté à l’opposition, il a par contre beaucoup apporté au gouvernement.

LIDER refuse catégoriquement de participer à cette instrumentalisation du Cadre Permanent de Dialogue (CPD) par le gouvernement, qui joue avec la paix et met en péril la réconciliation et la cohésion sociale tant attendues par les populations.

En conséquence, nous vous informons que LIDER ne répondra pas favorablement à votre invitation, dont l’ordre du jour est dans la droite ligne de ce que nous dénonçons.

Veuillez recevoir, Monsieur le Premier Ministre, l’expression de notre considération distinguée.
 
(signé)
 
Mamadou KOULIBALY

 
 
Copie :

S.E.M. L’Ambassadeur de la République populaire de Chine
S.E.M. L’Ambassadeur des Etats-Unis d’Amérique
S.E.M. L’Ambassadeur de la Fédération de Russie
S.E.M. L’Ambassadeur de la République française
S.E.M. L’Ambassadeur du Royaume Uni
M. Bert Koenders, Représentant Spécial du Secrétaire Général de l’ONu
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7 janvier 2013 1 07 /01 /janvier /2013 10:03

Accusées de massacres massifs par des organisations internationales impartiales (le CICR et Amnesty International notamment), les Forces républicaines de Côte d'Ivoire (FRCI), constituées majoritairement par les rebelles qui occupent la moitié nord du pays depuis plus de huit ans, ont été armées par l'Etat français.

 

C'est en tout cas ce que révèle Le Canard Enchaîné, hebdomadaire satirique et d'investigation français, dans sa parution de ce mercredi 6 avril. Extraits "Selon plusieurs témoignages d'officiers supérieurs au "Canard", la France a appuyé la conquête du sud du pays par les forces de Ouattara. L'un d'eux, proche de l'Elysée, se félicite de "notre efficacité dans l'organisation de la descente sur Abidjan." (...) Un autre galonné, membre des services de renseignements, confie : "On a fourni des conseils tactiques aux FRCI", mais aussi "des munitions et des Famas (fusils d'assaut)".

 

De son côté, le contingent militaire français est porté, le 4 avril, à 1 700 hommes. Les 900 hommes du dispositif permanent Licorne ont été notamment renforcés par des Rambo de la Direction des opérations (ex-Service action) de la DGSE et des Forces spéciales. Quelques-uns, parmi ces derniers, se sont retrouvés en contact direct avec l'entourage de Ouattara. A 19h30, quatre hélicos PUMA, soutenus par des MI 24 de l'ONUCI, commencent leur pilonnage, frappant au passage des objectifs aussi stratégiques que le CHU et un supermarché du quartier de Cocody.

 

Pour la seconde fois en sept ans, "l'ancienne puissance coloniale" bombardait des soldats et des populations ivoiriennes. Cet héroïque canardage, qui, selon l'Elysée, laissait entrevoir une reddition rapide de Gbagbo, risque pourtant de laisser des traces profondes. Et une situation difficilement gérable à Abidjan. D'abord parce que Ouattara pourrait pâtir, dans cette ville majoritairmeent acquise à Gbagbo, de son image de protégé de la France et des pays riches. L'armement de ses troupes, son équipement tout neuf ont suscité l'étonnement des Ivoiriens.

 

Si l'aide du Burkina et du Nigeria est reconnue, d'autres pistes de financement apparaissent. Selon des témoignages et des documents obtenus par "Le Canard", des proches de Ouattara ont monnayé, en 2009 et 2010, d'importantes quantités d'or extraites des mines du Nord. Plusieurs tonnes ont été acheminées au Ghana voisin sous couvert de véhicules de... l'ONU. Puis envoyées, par petites quantités, à Anvers (Belgique) pour y être transformées. A l'état de poudre, cet or a été négocié à plus de 15 000 euros le kilo.

 

L'image du camp Ouattara - présenté par certains comme "l'axe du bien" - restera également entachée par les massacres commis ces derniers jours. A Duékoué, par exemple, plusieurs centaines de morts seraient, selon l'ONU et diverses organisations internationales, surtout imputables aux FRCI, les forces de Gbagbo se voyant aussi accusées d'atrocités. En contact téléphonique permanent avec Ouattara, Sarkozy, qui prétendait le soutenir au nom de la protection des civils, devra ramer dur pour faire oublier les exploits de certains de ses chefs de guerre. Et pour transformer cette intrusion meurtrière en victoire de la démocratie

 

." Que retenir de cet article bien informé ? Premièrement, que la France a violé le cessez-le-feu au nom duquel Ban Ki Moon réunissait d'urgence le Conseil de sécurité il y a quelques semaines, affirmant sans preuves que la Biélorussie avait vendu des hélicoptères de guerre à Laurent Gbagbo. Deuxièmement, que, comme au Rwanda en 1994, la France officielle a entraîné et équipé des tueurs. Comme au Rwanda, elle est coresponsable des massacres.


Théophile Kouamouo

 

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7 janvier 2013 1 07 /01 /janvier /2013 09:59

Tout commence lorsque le promoteur des Koras, Monsieur Ernest Adjovi contacte l’entourage de Chris Brown pour un double concert à Abidjan dans le cadre de la célébration de la musique africaine. L’évènement est financé à hauteur de 1 milliard de franc CFA par le gouvernement ivoirien et le cachet du jeune loup de la musique américaine s’élève à 500 millions de nos francs pour ces deux spectacles : la prestation au stade Félix Houphouët Boigny et à la cérémonie de la remise des Kora à l’hôtel Ivoire.


L’anniversaire de Ouattara et son cadeau


Les koras coïncident cette année avec l’anniversaire du chef du régime ivoirien Alassane Ouattara qui serait né le 1er Janvier à Dimbokro. Hamed Bakayoko, son ministre de l’intérieur en délicatesse avec son patron depuis quelques semaines à cause du don de 12 millions à des policiers qui avaient abattu des braqueurs présumés (Ce don avait en effet soulevé un grand tolet dans l’opinion nationale et international – le célèbre magazine panafricain Jeune Afrique y avait consacré un article retentissant) y voit un moyen de se faire pardonner sa bourde sachant son mentor très attiré par ce genre de mondanité.


Contact est donc pris avec l’artiste afin de programmer une soirée privée. Mais en plus de Chris Brown, Hamed Bakayoko souhaite la présence de Rihanna, la petite amie à l’artiste qui est aussi mondialement connu pour ses chansons à succès. Le deal est conclu : Chris Brown sera présent à l’anniversaire d’Alassane Ouattara avec sa petite amie Rihanna pour un cachet de 10 millions de dollars – nous n’inventons rien en ce qui concerne le montant et cela est vérifiable sur ce site internet américain qui relaie l’information à propos du concert privé même s’il ne précise pas le client

 

http://hollywoodlife.com/2012/12/31/chris-brown-rihanna-new-years-eve-concert-africa/ 

 

pour lequel il a convié 800 invités prestigieux à la très select station balnéaire d’Assinie, située à 80 km d’Abidjan.


- Le fiasco des Koras, l’anniversaire du Chef et le drame du Plateau


La cérémonie des Kora organisée en terre ivoirienne est un vrai fiasco. Le gouvernement ivoirien qui a fortement politisé cet événement culturel en le vendant comme un moyen de ‘’repositionner la Cote d’Ivoire’’ à l’international n’a que ses yeux pour pleurer. Les ivoiriens, comme s’il s’étaient passé le mot boycottent l’événement non seulement à cause du prix exorbitant des tickets d’entrée mais aussi parce qu’ils estiment que ce n’est pas la réponse adéquate aux problèmes quotidiens qui les assaillent. Les artistes africains tels que Patience Dabany venus pour l’événement retournent chez eux sans y avoir participé dénonçant le report de la date dû au retard de Chris Brown. Le stade Félix Houphouët Boigny malgré la gratuité décrétée tard dans la soirée pour faire le plein reste désespérément vide. La salle de l’hôtel ivoire est clairsemé et pire des humiliations, Chris Brown n’y met pas les pieds. Cela n’entache cependant pas la détermination du ‘’milliardaire africain’’ qui tient à faire plaisir à son chef comme à l’époque féodale.


C’est donc dans la gaité que Alassane Ouattara et ses invités passent la nuit du 31 décembre 2012 entre les mélodies de Chris Brown et les déhanchés sexy de Rihanna tandis que les ivoiriens sont invités à un feu d’artifice géant dans la commune du Plateau par le district d’Abidjan. Obnubilé par la réussite de la fête du chef de l’état, Hamed Bakayoko, le ministre de l’intérieur ‘’oubliera’’ de prendre les dispositions nécessaires pour assurer la sécurité des nombreux ivoiriens qui ont fait le déplacement cette nuit là.


Steve Beko

 

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7 janvier 2013 1 07 /01 /janvier /2013 09:55

Michel Gbagbo est en prison, depuis le 11 avril 2011 que Laurent Gbagbo, son père, a été renversé. Le fait est incompréhensible. Mais surtout, il impose à notre conscience de citoyens, la logique selon laquelle, quand la haine s’installe au pouvoir, la République perd le sens de l’étique. Et de l’équité.

 

Ce que l’on peut considérer, comme la carrière politique de Michel Gbagbo ne se limite strictement qu’à une appartenance dans les années 90, à la Jeunesse du Front Populaire Ivoirien (JFPI). De surcroit, pendant les dix années de règne de son géniteur, il n’avait eu aucune responsabilité politique dans la gestion des affaires de l’Etat. Et n’était pas non plus pressenti pour succéder à son père. Comme les enfants Eyadema, Bongo et Bozizé. Et pourtant, l’écrivain et universitaire de 42 ans, a emprunté, de façon tragique, le destin de son père, Laurent Gbagbo, homme politique. Ses premiers heurts avec la prison datent du 18 février 1998. A l’occasion d’une marche pacifique, le Premier ministre d’alors, Alassane Dramane Ouattara avait fait arrêter l’opposant Gbagbo.

 

Michel qui rendait visite à son père au camp Agban, où il était détenu, fut à son tour arrêté par le régime Pdci, que servait Alassane Ouattara. Simone Gbagbo était également emprisonnée dans le même camp. Avant que les trois ne soient transférés à la Maca. Mais des années plus tard, Gbagbo, son épouse et son fils ont encore rendez-vous avec Alassane Dramane Ouattara, entre temps, installé comme chef de l’Etat. En effet quand survient le renversement de Laurent Gbagbo, par la France et l’Onuci, Michel manque de très près, d’être assassiné. Ces bourreaux, les pro Ouattara, ne se contentent pas de le battre à sang, ils le déportent quelques jours après, dans une des prisons du nord du pays.

 
Michel Gbagbo ou la victime de la haine au pouvoir

 Cela fait donc, aujourd’hui, 634 jours, que Michel Gbagbo est en détention dans la ville de Bouna. Et autant de jours, que le pouvoir des « ratrappeurs » lui impose un régime abject de maltraitance. A cause des  méchancetés du pouvoir et les conditions inhumaines de sa détention, Michel a frôlé plus d’une fois la mort. Au plus fort des traitements inhumains qu’il subis, Il a même été transféré d’urgence, de sa prison de Bouna, à la Pisam à Abidjan. Mais quand le pouvoir a estimé, qu’il pouvait retourner dans sa cellule à Bouna, il l’a fait retourner. Ainsi, après plus de 6OO jours de détention, aucun calendrier n’est prévu pour, ne serait-ce qu’instruire son dossier et feindre d’expliquer son arrestation.
Aucune volonté de la part du pouvoir pour conduire à terme, la procédure qui aurait pu justifier sa libération. Sa détention est autant arbitraire et fantaisiste que le sont les accusations de crimes de sang et crimes économique portées contre lui. Personne ne comprend ces violations profondes des droits du fils de Laurent Gbagbo en dépit des nombreuses manifestations d’indignation et d’interpellation.
Car outre les organisations humanitaires, les occidentaux multiplient des interpellations en vue de la libération de Michel Gbagbo. Toutes rencontrent un parapluie d’indifférence et un mur de haine. Chaque fois, le pouvoir Ouattara durcit sa position, au point de faire mentir, la presse française et plusieurs observateurs, qui espéraient que de la Pisam, Michel, le franco ivoirien serait rapatrié en France.
Au bout du compte, tout le monde a compris que c’est la haine qui nourrit cette obsession et cet acharnement inacceptables contre Michel Gbagbo. Et que, c’est au nom de cette haine implacable que le père, la belle mère et la grand-mère de Michel subissent le pouvoir.
 
Armand Bohui
bohuiarmand@yahoo.fr
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5 janvier 2013 6 05 /01 /janvier /2013 15:48

  La France et les Etats-Unis ont des positions divergentes sur le Nord-Mali mais aussi sur la Côte d’Ivoire. Comment l’expliquer ?

 

 La petite phrase restera dans les annales de la diplomatie. Et résume à elle seule les divergences franco-américaines sur les modalités d’une intervention militaire africaine pour chasser les islamistes du Nord-Mali.

 

Le plan français pour le Nord-Mali? «C’est de la merde.»

Ce n’est pas n’importe quel yankee qui a prononcé ce commentaire définitif, mais bien Susan Rice. Ambassadrice américaine auprès de l’ONU. Excusez du peu! La petite histoire ne dit pas si le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a fait la grimace. Mais officiellement, le patron du Quai d’Orsay est resté «droit dans ses bottes», pour reprendre l’expression d’un de ses prédécesseurs (Alain Juppé). Mais, avant le vote de la résolution 2085 par le Conseil de sécurité de l'ONU, le 20 décembre, sur le déploiement d'une force internationale au Mali, les négociations entre Paris et Washington n’ont pas été faciles. Le porte-parole du département d’Etat Victoria Nuland le confirme: «Nous avons travaillé très dur pour régler des problèmes techniques et des questions relatives au déroulé [d’une intervention militaire]» .

 

Washington avait clairement pris position pour une opération en deux temps: d’abord la négociation, puis ensuite l’intervention militaire. Pour les Etats-Unis, il était plus que hasardeux de se lancer dans une nouvelle aventure militaire au cœur du plus grand désert du monde avec une force ouest-africaine de 3.300 hommes qui, pour l’instant n’inspire pas vraiment la confiance. Le remède ne risque-t-il pas de tuer le malade et disséminer le virus islamiste chez les pays voisins? Un diplomate occidental interrogé par Reuters, visiblement proche des positions américaines, a récemment déclaré que Washington était «très sceptique» sur le plan français et a «des doutes sérieux» sur le succès d’une telle intervention militaire dans le sables du Nord-Mali.

 

«Peu confiance»

 

Les Etats-Unis n'ont que «peu confiance» sur le fait que les pays constituant la force africaine «puissent faire le travail» et sur les capacités actuelles de l’armée malienne à aller se battre contre des «fous de Dieu» fanatisés et bien armés. Paris a tenu compte de ces réticences et son projet de résolution a donc intégré le déploiement d’une force par étapes, sans calendrier précis. Mais Paris reste en pointe pour organiser une intervention militaire dans les plus brefs délais et a demandé à ses relais africains de donner de la voix pour soutenir son plan. Paris sait qu’il peut compter sur le soutien de l’exécutif (francophone) de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) . Le président en exercice de la Cédéao, l’Ivoirien Alassane Ouattara, multiplie les déclarations pour une action rapide, tout comme le président de l’Union africaine, le Béninois Boni Yayi. A la plus grande satisfaction de Paris.

 

Mais cette unité de façade au niveau régional et continental dissimule de profondes divergences, notamment en Afrique de l’Ouest. Le Burkina, le Tchad et la Mauritanie, dont les dirigeants sont pourtant réputés proches de Paris, ont opté clairement pour l’option de la négociation avec les islamistes. Et se sont alignés sur la position algérienne, qui voit toujours d’un mauvais œil une intervention militaire soutenue par Paris et Washington près de ses frontières méridionales. Alger n’est pas exempt de tout reproche dans la crise du Nord-Mali. Loin de là. Tant elle a paru «exporter» hors de ses frontières ses propres islamistes. Le président français, François Hollande, a tenté, cette semaine à Alger, de convaincre son homologue Abdelaziz Bouteflika du bien-fondé du volontarisme militaire tricolore. Le Quotidien d’Oran souligne même l’«entêtement» français: «Paris semble s'entêter. On a prôné l’intervention militaire et on ne transige pas! Comme si admettre qu’une intervention militaire "rapide" et non préparée politiquement serait "perdre la face".

 

En plus, le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon reste très prudent et n’a pas été convaincu par le plan français.

 

«Cancer islamiste»

 

Tout le monde garde à l’esprit l’intervention occidentale en Libye, avec là-encore la France en première ligne, qui a abouti au renversement du régime de Kadhafi. Mais aussi et surtout à la dissémination d’armes de guerre dans tout le Sahel. Et à la prise de contrôle du Nord-Mali par des groupes islamistes. Cette région, grande comme la France, constitue actuellement le plus vaste sanctuaire islamiste au monde. Les populations qui sont restées sur place vivent sous le règne d’une charia impitoyable. Et les chancelleries européennes craignent une contamination régionale et même des répercussions en Europe. C’est en grande partie les raisons qui expliquent pourquoi Paris est si pressé d’agir face au «cancer islamiste». La France surveille attentivement sur son territoire les jeunes originaires d’Afrique ou des Français convertis à l’Islam qui seraient tentés de rejoindre les djihadiste du Sahel. Mais de nombreuses capitales ouest-africaines gardent aussi à l’esprit que les Occidentaux, et en premier lieu les Français, ont mal préparé l’après-Kadhafi. Et que si le Nord-Mali est occupé par des islamistes qui ont fait leur course dans l’arsenal libyen, c’est en grande partie leur faute.

 

Bref, la suspicion règne. Et les divergences franco-américaines n’arrangent rien. D’autant plus qu’on les retrouve sur un autre grand dossier: la Côte d’Ivoire.

 

Justice réservée aux vaincus

 

L’ambassadeur américain à Abidjan a lancé sa dernière pique début décembre au moment où le président Ouattara était en visite … à Paris. Difficile de ne pas y voir aussi un message à l’allié français. Le diplomate américain estime que les choses ne bougent pas suffisamment vite, près de deux ans après l’arrivée de Ouattara au pouvoir. Selon lui, la justice tant nationale qu’internationale est toujours réservée aux vaincus, c’est-à-dire au camp Gbagbo. Difficile en effet de ne pas faire le même triste constat. Et tant que ce problème ne sera pas réglé, la réconciliation ne sera qu’un vain mot. Il ne suffit pas de mettre en place une commission-bidule pour panser les plaies d’un pays traumatisé par plus d’une décennie de haine et de xénophobie.

 

Et Washington a raison de mettre la pression sur le président Ouattara pour accélérer le rythme. «Il ne faut clouer la Côte d’Ivoire au pilori», répond la presse pro-Ouattara. Mais il faut quand même ouvrir les yeux. Et Paris préfère les garder mi-clos.

 

Début décembre, le ministre français de l’Economie Pierre Moscovici a même fait le déplacement à Abidjan pour signer une aide massive de plus de 600 millions d’euros et exhorter les entreprises tricolores à revenir investir dans le pays. Moscovici a été très clair: «Nous sommes venus pour promouvoir la coopération entre nos deux pays, pour être auprès de nos entreprises (…) ce qui ne veut pas dire que nous sommes indifférents aux droits de l’Homme.» Mais si Paris conforte son allié Ouattara, dont il a besoin pour le Nord-Mali, nul doute que Washington continuera à faire entendre sa partition. Tant sur la Côte d’Ivoire que sur le Sahel. Adrien Hart

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5 janvier 2013 6 05 /01 /janvier /2013 15:36

L’Afrique du Sud et le Nigeria passent pour les pays les plus dangereux du continent. Pourtant, ils n’affichent pas le plus fort taux de meurtres. C’est en Côte d’Ivoire, en Ouganda, en Zambie, au Malawi et en Ethiopie que l’on se tue le plus.

 

L’Afrique du Sud ou le Nigeria ont mauvaise réputation, mais ils ne détiennent pas la triste palme du plus grand nombre d’assassinats. Certes, on déplore 16.000 meurtres au pays de Jacob Zuma, pour la seule année 2011. C’est beaucoup —une moyenne de 43 morts par jour et un taux de 31,8 assassinats pour 100.000 habitants. Mais, c’est deux fois moins qu’en 1994, trois ans après la fin officielle de l’apartheid. Le pays, alors en proie à des violences politiques, s’est peu à peu pacifié. Particularité sud-africaine: 80% des meurtres se font entre des personnes qui se connaissent déjà, selon la police. Des maris tuent leur femme, des employés leur patron, des amis en viennent aux armes après des soirées trop arrosées, et des dealers de drogue se disputent les territoires dans les townships du Cap.

 

Au Nigeria, on recense 18.422 meurtres en 2011, selon les chiffres de l'ONUDC, l'Agence des Nations unies contre le crime et le trafic de drogue (PDF), qui a compilé pour la première fois, en 2012, un rapport global sur les homicides volontaires. Le nombre élevé d’assassinats au Nigeria reflète surtout la forte population de ce pays (162 millions d’habitants). Le taux de meurtres y est presque trois fois moins élevé (12,2 pour 100.000 habitants) qu’en Afrique du Sud. Les attentats et les tueries perpétrées par les islamistes de la secte Boko Haram alourdissent le bilan, mais ils n’expliquent pas tout.

 

Nigeria: justice populaire et gangstérisme sur Facebook

 

La mort passe aussi par la mob justice, une justice populaire courante en Afrique. Des voleurs ou supposés voleurs sont battus à mort et/ou brûlés vifs sur les marchés ou en public. Quatre étudiants en ont été victimes à Port Harcourt (sud du Nigeria) après la disparition d’un ordinateur et d’un téléphone portable. Un meurtre filmé qui a choqué le pays. Facebook, un réseau social très prisé par les Nigérians, a aussi été détourné à des fins funestes. Cynthia Osokogu, 25 ans, étudiante et commerçante à Abuja, est devenue une icône nationale au Nigeria, après avoir été dévalisée et tuée, en août, dans sa chambre d’hôtel à Lagos. La jeune femme avait fait confiance à des amis virtuels, des étudiants avec lesquels elle chattait sur Facebook. Elle les avait laissés l’accueillir à Lagos, sans les soupçonner d’être de dangereux gangsters appâtant leurs proies sur le réseau social.

 

Côte d’Ivoire: troisième taux mondial de meurtres

 

Les bilans sont encore plus lourds ailleurs. C’est en Côte d’Ivoire que l’on se tue le plus en Afrique, avec un taux effrayant de 56,9 meurtres pour 100.000 habitants en 2011. C’est le troisième taux de meurtre du monde, après le Honduras et le Salvador. La Côte d’Ivoire se classe juste avant la Jamaïque, un pays connu pour la violence de ses règlements de comptes. La crise postélectorale des premiers mois de 2011 y est-elle pour beaucoup? Pas seulement. Le pays battait déjà tous les records de meurtres en Afrique en 2010, alors que les évènements les plus meurtriers de la crise (3.000 morts selon les Nations unies), ne sont intervenus qu’à partir de décembre 2010. Le chômage des jeunes représente l’une des données du problème. L’instrumentalisation de la violence par les hommes politiques de tout bord, Alassane Ouattara comme Laurent Gbagbo, depuis plusieurs décennies, est aussi en cause. L’ONUDC fait par ailleurs le lien entre crime, pauvreté et l’inégale répartition des richesses.

 

Les pays d’Afrique affichant les plus faibles indicateurs de développement humain (IDH) et le plus fort coefficient de Gini (qui calcule les écarts dans les revenus) ont aussi un taux de meurtres supérieur à 20 pour 100.000 habitants. Soit deux fois plus que dans les pays d’Afrique ayant un IDH «moyen». Pauvreté endémique et violences politiques Voilà pourquoi les meurtres sont aussi nombreux en Zambie (38 pour 100.000 habitants), en Ouganda (36,3), au Malawi (36) et au Lesotho (35,2), alors que ces pays sont censés être en paix.

 

Le Lesotho, la Zambie et le Malawi ne figurent pas seulement parmi les pays les plus pauvres du monde, avec des PIB respectifs de 1.900, 1.400 et 900 dollars par habitant en 2011. Ils sont aussi frappés par la pandémie du sida, qui n’est pas sans répercussions sur le niveau de violence. En Ouganda, les taux de prévalence du HIV ont été maîtrisés, mais la pauvreté persiste, avec un PIB moyen de 1.400 dollars par habitants, sur fond de trafic d’armes et de rébellions sanglantes. Et la police, mal payée et corrompue, passerait plus de temps à traquer les opposants que les criminels. La vidéo d’une arrestation musclée d’une femme politique, le 20 avril 2012, à Kampala, a provoqué des réactions outrées contre les brutalités policières. Un agent a comprimé le sein droit d’Ingrid Turinawe, présidente de la Ligue des femmes du Forum pour le changement démocratique (DCF). Six femmes ont ensuite manifesté en soutien-gorge pour protester, avant d’être elles aussi arrêtées…

 

Parmi les dix pays où l’on se tue le plus en Afrique, viennent ensuite l’Afrique du Sud (31,8), le Congo Brazzaville (30,8), la République Centrafricaine (29,3), la Tanzanie (24,5) et le Soudan (24,2)… Là encore, le mélange entre pauvreté endémique et violences politiques paraît explosif. «Il y a du crime partout dans le monde», entend-on souvent dire dans les capitales les plus dangereuses du continent. Pourtant, ce sont les pays situés au sud du Sahara qui s’avèrent les plus meurtriers au monde, derrière l’Asie et l’Amérique latine, avec des taux particulièrement élevés en Afrique australe (30,5 meurtres pour 100.000 habitants), orientale (21,9) et centrale (20,8), contre 15,4 en Afrique de l’Ouest et seulement 5,9 en Afrique du Nord —pour une moyenne mondiale de 6,9 meurtres pour 100.000 habitants.

 

Sabine Cessou 

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5 janvier 2013 6 05 /01 /janvier /2013 15:24

La fête de la lumière, dont l’apothéose était le gigantesque feu d’artifice tiré le 31 décembre à minuit dans le quartier du Plateau, s’est terminée en tragédie à Abidjan. La Côte d’Ivoire commence mal l’année.

 

Soixante morts, des dizaines de blessés, dont certains très graves.

 

Que s’est-il vraiment passé à Abidjan lors de cette nuit de la Saint-Sylvestre qui devait marquer l’entrée de la Côte d’Ivoire dans une ère de renouveau, selon les souhaits de son président Alassane Ouattara?

 

Les services de sécurité ont-ils été à la hauteur?

 

Et, question subsidiaire, le pays est-il en état de bon fonctionnement comme ne cessent de le répéter les autorités ivoiriennes?

 

Des secours trop tardifs

Selon le présentateur du journal de la RTI (Radio-Télévision Ivoirienne), le drame s’est joué vers 3 heures du matin, heure à laquelle les secours ont vraiment commencé à être efficients. Ali, un rescapé, situe l’heure de la tragédie vers 1h20, une demi-heure après la fin du feu d’artifice qui avait ébloui des dizaines de milliers de personnes. «La foule qui quittait le quartier du Plateau a été effrayée par une bande de jeunes arrivant en sens inverse avec une attitude menaçante, raconte t-il. Les premiers rangs se sont arrêtés. Les gens criaient partout. Derrière moi, ça poussait. J’ai été soulevé de terre puis j’ai commencé à tomber. Mon pied était coincé et il allait se casser quand un monsieur m’a tendu la main. Il m’a tiré et m’a sauvé». Il affirme avoir ensuite couru pour alerter des «corps habillés» (policiers) qui, à quelques centaines de mètres de là, veillaient sur un concert finissant, tranquillement assis, ignorants du drame.

 

Il était 1h40 et les secours avaient déjà dû être alertés par d’autres canaux. Le colonel Issa Sacko, patron des pompiers d’Abidjan, affirme avoir été prévenu à 2h10. Les secours, qui se trouvent à dix minutes du lieu de la tragédie, ne sont arrivés selon des témoins que quelques minutes avant 3h.

 

Selon l’Agence Ivoirienne de Presse, il s’est écoulé près de deux heures entre la bousculade et le moment où les victimes ont été secourues.

Des policiers absents

 

Hamed Bakayoko, le ministre de l’Intérieur, affirme avoir mobilisé cinq mille policiers pour sécuriser Abidjan durant cette nuit de la Saint-Sylvestre. Lors de ses vœux de nouvel an, il les avait engagé «à plus de rigueur dans l’exercice de leur fonction», les exhortant «à plus de professionnalisme et à bannir les mauvaises pratiques telles que le racket». Or, selon les témoins, il n’y avait aucun policier présent à l’endroit de la bousculade. Où étaient-ils? Et pourquoi personne n’a tenté d’arrêter la horde sauvage venue d’un quartier périphérique qui a semé la peur dans les rangs des paisibles spectateurs du feu d’artifice. Des voyous qui ont ensuite dépouillé les victimes de leur argent et de leurs téléphones portables.

 

Quant aux pompiers, ils ont une longue tradition de retard à l’allumage et selon l’expression ivoirienne, ils ne sont souvent que des «médecins qui arrivent après la mort» qui n’a pas changé depuis l’époque Gbagbo.

 

Le pays reste désorganisé

 

Cette tragédie, qui reste un accident difficilement prévisible, illustre cependant les difficultés rencontrées par Alassane Ouattara à remettre le pays en bon état de marche: «L’administration ne suit pas, raconte un patron de PME française. L'état n'a pas d'argent pour nous rembourser les crédits d’impôts qu'il nous doit. Les anciennes pratiques de corruption et de racket n’ont pas disparues. Les nouveaux arrivants qui ont pris le pouvoir sont encore plus voraces que leurs prédécesseurs. Et tout aussi désordonnés. Les pro-Gbagbo, qui sont encore nombreux, traînent des pieds. On ne peut pas construire un pays en dressant une partie de ses habitants contre l'autre. Ça ne marche pas et le climat pour les affaires reste difficile.»

 

Des lendemains qui ne chantent pas encore

 

Pourtant, Alassane Ouattara continue à annoncer des lendemains qui chantent. «La Côte d'Ivoire a devant elle "des possibilités comme rarement" elle en a connu», a-t-il lancé lors de ses voeux de nouvel an, assurant que les Ivoiriens bénéficieraient bientôt des retombées de la croissance retrouvée et des chantiers engagés. Et il continue à suivre avec obstination la ligne de conduite qu'il s'est fixée: la recherche de la cohésion nationale «ne peut se faire au détriment de la justice et de la lutte contre l'impunité». Si huit figures du régime déchu viennent d'être libérés, des dizaines de pro-Gbagbo restent détenus sans jugement depuis plus de dix-huit mois pour des faits liés à la crise postélectorale. L'opposition et des ONG internationales dénoncent une «justice des vainqueurs», aucune personnalité du camp Ouattara n'ayant encore été poursuivie alors que certains soutiens du pouvoir actuel sont soupçonnés de crimes commis lors des événements de 2010-2011.

 

Dominique Ouattara, la grande prêtresse des réjouissances

 

Pour convaincre les investisseurs étrangers que la Côte d'Ivoire est de retour, Ouattara multiplie les opérations de prestige comme cette opération «Abidjan, perle des lumières», débutée à la mi-décembre avec en apothéose le feu d'artifice du 31. C'est son épouse, la Française Dominique Ouattara, préposée aux oeuvres de charité à grand spectacle, qui s'est mise aux manettes en illuminant un gigantesque sapin numérique haut de 30 mètres, pour un poids de 5 tonnes. Le quartier du Plateau s'est embrasé de milliers de figurines lumineuses, de paquets cadeaux et de sapins brillant de mille feux. Un spectacle éblouissant qui, chaque nuit, provoque l'émerveillement de nombreux habitants venus de quartiers périphériques. La facture de ces illuminations à grand spectacle, confiée à la société Sunu, de droit luxembourgeois, gérée par un Sénégalais, se chiffre en centaines de millions de Francs CFA (des centaines de milliers d'euros). Mais, au diable l'avarice: «Ces lumières illuminent le cœur des Ivoiriens et symbolisent la renaissance de la Côte d'Ivoire», s'enthousiasme la Première Dame. Abidjan ainsi éclairée, c'est le signe du «renouveau, l’image d'une Côte d'Ivoire que nous voulons brillante et belle».

 

Une Côte d’Ivoire à deux vitesses

 

Mais cette opération ne fait pas que des heureux car l'intendance de la Compagnie Ivoirienne d'Electricité (CIE) ne suit pas toujours. Quand les climatiseurs tournent à plein régime (la température atteint 34 degrés certains jours), des quartiers de la capitale économique subissent des baisses de tension et même des délestages qui plongent les habitants dans le noir, la chaleur et les moustiques. «Moi je ne sais pas ce qui se passe, on dit y a lumière à Abidjan mais nous ça ne nous touche pas aussi! Dès qu’il est 19h, on coupe courant chez nous ici jusqu’à 22h au moins, et c’est comme cela tous les jours depuis qu’ils ont commencé leur jeu de lumière là», lâche dépité un jeune travailleur du port d'Abidjan qui habite un quartier situé à la sortie est de la capitale économique.

 

A Treichville Biafra, non loin du pont Général De Gaule illuminé de mille lumières, Fousséni ne cache pas son ras-bol : «Moi-même j’ai voté pour le Président Ouattara mais ce n’est pas ce qu’il nous avait promis! On ne peut pas rester toute la nuit sans courant chez nous pour éclairer un pont (allusion faite au pont De Gaulle qui scintille). Je vous jure que je suis déçu quoi!».

 

La mascarade Chris Brown

 

Autre facture à régler, celle des Kora Awards, les Oscars de la musique africaine, une cérémonie qui traîne une lourde réputation de désorganisation dans tous les pays où elle se déroule. Prévue à Abidjan le 29 décembre, elle a tourné au fiasco total. Ses organisateurs avaient pourtant fait un grand «boucan» autour de la venue de Chris Brown, l'Américain star de la pop music, lauréat du prix de la Diaspora des Etats-Unis. Cerise sur le gâteau, l'artiste devait débarquer avec sa compagne Rihanna, la star mondiale. Il a commencé par refuser de monter dans l'avion de location qui lui avait été envoyé pour l'acheminer, lui et sa suite, à Abidjan. Au motif surréaliste, selon son manager, que l'appareil ne comprenait que 14 places, dont 4 réservées aux pilotes. Il en manquait donc deux pour permettre au chanteur, à son staff, et à Rihanna, soit douze personnes, d'embarquer. Il est finalement arrivé à Abidjan avec 24 heures de retard, provoquant le report d'une journée de la cérémonie d'ouverture. Sur place, il devait assurer deux shows. Mais, fâché devant le vide intersidéral des deux lieux de spectacle où il devait se produire, il a refusé de chanter… Et pour cause, de nombreux artistes, invités eux aussi, avaient plié bagages après le report de la cérémonie, et au stade Houphouët-Boigny, le prix des places (jusqu'à 1.500 euros) avait découragé les spectateurs.

 

Avec le flop des Kora Awards, le week-end de la Saint-Sylvestre avait mal commencé à Abidjan. Il s'est terminé dans la tragédie. Alassane Ouattara, qui a décrété trois jours de deuil national et promis des enquêtes, a encore beaucoup de pain sur la planche pour remettre le pays dans le droit chemin.

 

Philippe Duval, avec Ciryl Gnantin à Abidjan 

 

@SLATE AFRIQUE 

 

 

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