Dans cet entretien accordé à la radio française, Rfi, le reggaeman pro-Ouattara, Tiken Jah Fakoly, soutient qu’une victoire des Eléphants à la Coupe d'Afrique des nations (Can) de foot 2012 pourrait, selon lui, accélérer le processus de réconciliation nationale en Côte d'Ivoire.
S’il est vrai que les Ivoiriens continuent de traverser des moments difficiles depuis 2002 et qu’il faut qu’ils se réconcilient, Tiken Jah n’a pas le courage de reconnaître que cette situation désastreuse est amputable à la rébellion armée pro-Ouattara déclenchée en septembre 2002 et dont il s’est toujours fait l’héraut.
Ouattara est enfin parvenu au pouvoir, en avril 2011, dans des conditions catastrophiques avec l’aide militaire de la France.
Depuis cette date, les populations ivoiriennes vivent dans une grande insécurité entretenue par les Frci et les dozos, toutes des forces armées pro-Ouattara.Abidjan, la capitale économique, est en proie aux braquages, viols, pillages etc.
Même son de cloche à Yamoussoukro et les autres localités du pays.
Dans le grand Ouest (boucle du cacao), par exemple, les habitants vivent l’enfer. Certains ont dû fuir leurs villages incendiés par les dozos pour se réfugier en brousse ou dans des camps à Duékoué. Des cadres Ivoiriens, plus de 400, ont leurs comptes bancaires gelés par le pouvoir Ouattara sous le prétexte qu’ils sont proches du président Laurent Gbagbo.
Plusieurs dizaines de prisonniers politiques croupissent dans les géôles du nouveau régime ivoirien. Sans oublier que la France et le pouvoir Ouattara ont déporté à la Cpi, le Président Laurent Gbagbo, le 29 novembre dernier où il est détenu en toute illégalité. Des milliers d’Ivoiriens fuyant les exactions des forces pro-Ouattara, vivent en exil, depuis avril dernier, au Ghana, Liberia, Togo, Bénin, Guinée-Conakry etc.
Comme on le voit, la crise est si profonde que c’est moins une victoire à la Can 2012 que l’instauration d’une Justice équitable, de la démocratie véritable, du désarmement des milices du pouvoir, de l’Etat de droit, du dialogue politique etc. qui pourra réconcilier les Ivoiriens.
La victoire des Eléphants à la Can 1992 n’avait pas résolu la crise sociopolitique et économique dans laquelle se trouvait le pays. Et pour laquelle, les Ivoiriens réclamaient le changement. On se souvient qu’en 2005, le capitaine des Eléphants, Didier Drogba, avait lancé un appel à la réconciliation nationale à l’issue de la qualification du pays pour le mondial allemand en 2006.
Cet appel est resté vain. Tout comme un autre qu’il a lancé, après avoir reçu le Ballon d’Or africain, à Accra (Ghana). Quelque temps plus tard, l’attaquant de Chelsea s’est rendu à Bouaké, fief de la rébellion armée, pour présenter son trophée aux populations. En outre, il a obtenu que le match Côte d’Ivoire-Madagascar, dans le cadre des éliminatoires de la Can ghanéenne de 2008, se joue au stade de cette ville.
Des artistes ivoiriens ont même initié des caravanes pour la réconciliation nationale. Comme il fallait s’y attendre, parce que Laurent Gbagbo, à qui Tiken Jah voue une haine viscérale, était encore au pouvoir, il a brillé par son soutien à ces initiatives qui n’ont pas réconcilié les Ivoiriens.Aujourd’hui que son mentor, Alassane Dramane Ouattara, est au pouvoir, Tiken Jah fait feu de tout bois. En maniant à la perfection, la démagogie. Qu’ils arrêtent donc de désinformer l’opinion internationale. La fracture sociale est tellement abyssale en Côte d’Ivoire depuis avril dernier que ce n’est pas un sacre à la Can 2012 qui pourra constituer un sésame.