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23 octobre 2011 7 23 /10 /octobre /2011 13:52

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Dure dure la vie de journaliste ! Vous connaissiez sûrement les 12 travaux de l’éléphant d’Afrique. Vous connaissez sans doute les 12 travaux d’Hercule, et peut-être même les 12 travaux d’Astérix, où le petit gaulois frétillant flanqué de son bedonnant compère doit accomplir toute une série d’épreuves afin de ne pas tomber sous la coupe de César. L’une de ces épreuves consiste à ressortir sain d’esprit de la maison des fous, métaphore à peine voilée de cette machine à broyer qu’est l’administration.

 

En ce qui me concerne, j’ai beau m’être fait trimballer de service en service et de département en département au point d’avoir suffisamment de matière pour écrire un roman de 500 pages rien que sur les tours du Plateau, je débarque toujours avec la même naïveté dans les bureaux et sur les boîtes mail et messageries des Dg, Dga, Dc, Dca, Dcm, Crp, j’en passe et des meilleures, persuadée, je ne sais pourquoi, que ma bonne étoile m’aidera à parvenir à mes fins et boucler mon papier dans les temps. Parfois ça passe, souvent ça casse, mais de façon générale, je pense pouvoir dire sans me tromper que les cas où l’on m’a reçue sans salamalecs ni catapultage dans les labyrinthes infinis de la procédure hiérarchique se comptent sur les doigts d’une seule main. Le dernier qui m’ait fait cet honneur était d’ailleurs M. Jean-Michel Moulod, député-maire de Bassam, paix à son âme…

 

« Hiérarchie ». Un mot qui sonne le glas de toute démarche spontanée, et fait résonner aux oreilles crispées du plumitif de bonne volonté les 7 mots que Dante, dans sa Divine comédie, a choisi d’inscrire au fronton de l’enfer : « Vous qui entrez ici, abandonnez toute espérance ». Et pourtant, nous n’avons d’autre choix que d’y croire, parce que notre pain quotidien est précisément conditionné à notre capacité d’enfoncer des portes fermées, et que nous ne faisons qu’exécuter les commandes de notre hiérarchie à nous (généralement composée d’un seul +1 : le rédac-chef éternellement pressé et pressant, et non de 150 intermédiaires dévolus qui au marketing, qui aux relations presse, qui à la communication publique, personnelle, ministérielle, etc., ad libitum). Non, être journaliste n’est définitivement pas une sinécure, et vous n’avez pas idée de la créativité dont il faut parfois faire preuve et des nerfs d’acier qu’il faut avoir pour durer dans ce métier.


La relation entre le journaliste et son interlocuteur, souvent ambiguë, évoque un peu le « Je t’aime moi non plus » de la chanson de Gainsbourg. Au nom des comportements et méthodes fort peu orthodoxes, il faut bien le reconnaître, qu’adoptent à l’occasion certains d’entre nous (Frantz Olivier Giesbert, lui-même, n’hésite pas à qualifier les journalistes d’étourneaux, ces oiseaux opportunistes et omnivores volant d’arbre en arbre en quête de fruits à becqueter, au grand dam des cultivateurs), c’est la profession dans son ensemble qui se trouvera systématiquement stigmatisée et sur laquelle on jettera l’anathème pour les 8 générations à venir : si vous n’avez pas l’appui et la carte de presse d’un support brassant suffisamment d’argent, de publicité et de notoriété, vous pouvez toujours vous brosser pour l’avoir, votre interview.


Phénomène des plus étranges, les hommes et femmes qui font l’actualité, qu’il s’agisse du domaine politique ou purement économique, ainsi que ceux par lesquels il faut (malheureusement) inévitablement passer pour accéder à eux, semblent vivre dans un espace-temps où l’on ignore tout des notions de délais et d’urgence (c’en est même à se demander comment ils font pour diriger des sociétés et des structures).

 

Or l’homme de presse, comme son nom l’indique, est pressé, a des obligations de résultat, et traite des commandes et des sujets « périssables » à périodicité plus ou moins rapprochée dans le temps. Ainsi, quand les puissants de ce monde ne croient pas que vous êtes là pour leur vendre de la pub ou des publireportages (secteurs qui font beaucoup de mal à la profession et dont les représentants ont par ailleurs contribué à dangereusement brouiller les frontières entre le vrai et le faux journalisme, particulièrement en Côte d’Ivoire), ils peuvent vous faire poireauter toute une semaine dans l’attente d’une confirmation de rendez-vous, parce qu’ils ont des responsabilités et qu’ils travaillent, eux, alors qu’un journaliste ne travaille pas, c’est bien connu (un journaliste, messieurs-dames, est surtout très reconnaissant quand on évite de lui faire perdre un temps dont il ne dispose déjà pas ou trop peu au moment où l’on lui commande un sujet).

 

Le long chemin de croix commencera donc par une demande de courrier officiel, même si vous avez la chance de connaître « quelqu’un de l’intérieur », que votre meilleur ami qui a soi-disant ses ouvertures partout vous a promis qu’il pouvait vous faire rencontrer Soro le soir même à l’allocodrome de Cocody ou que vous avez sympathisé avec un grand ponte… lequel vous a (malheureusement pour vous) remis entre les mains de son directeur marketing et communication… , et se poursuivra, dans le meilleur des cas, par un rendez-vous dit de « prise de contact », où l’on examinera votre requête avec une attention officielle et soignée et déterminera le chronogramme à tenir afin d’y accéder via un plan quinquennal bien précis.


Finalement parfois, la condition de journaliste serait presque flatteuse : à force de tant de méfiance et de réticence, on se sentirait presque dans la peau d’un héros de roman d’espionnage en quête de précieux microfilms, ou d’un Albert Londres emportant à bord du Georges Philippar les secrets d’un scandale qu’il était sur le point de révéler, alors que dans un simple souci de professionnalisme, nous, modestes gratte-papier, sommes juste venu recueillir à la source des informations officielles relevant déjà du domaine public, ou en recouper d’autres afin de livrer une information viable. Et le pire, c’est que ce sont souvent ces mêmes personnes, qui auront fait tant de difficultés pour nous recevoir, qui se plaindront de ce que « les journalistes racontent sans cesse n’importe quoi ». Finalement tout cela, c’est un peu l’histoire de l’œuf ou la poule ; on ne sait plus trop qui a commencé… Mais en tout cas, une chose est sûre : sous ces latitudes, certains ont plus du mal à bien faire leur métier que d’autres. À bon entendeur et sans rancune !


Élodie Vermeil

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23 octobre 2011 7 23 /10 /octobre /2011 13:44

Depuis le début de la crise ivoirienne, des observateurs familiers de la vie sociale et politique ivoirienne n’ont pas manqué d’incriminer les autorités religieuses d’avoir agi comme facteur d’aggravation des antagonismes politiques qui ont amené à son déclenchement.

 

Que la religion et lesleaders religieux aient volontairement ou involontairement exacerbé la crise militaro-civile en Côte d’Ivoire, voici qui semble paradoxal à première vue, et indéniable après réflexion. Paradoxal, parce que dans la société, ce que l’on attend des religions, c’est leur contribution à l’instauration et à la sauvegarde des valeurs partagées de paix, de tolérance, de justice, de vérité et de liberté ; mais aussi leur implication dans la pacification de la sphère politique1. Indéniable, dans la mesure où des expériences passées et actuelles montrent que plusieurs conflits dans le monde se nourrissent de références à la religion et prétendent trouver en elle le fondement de leur légitimation. Les guerres en Croatie, en Bosnie, au Kosovo, en Afghanistan, en Algérie, au Nigeria, au Soudan, etc. sont là pour en témoigner.


Pour traiter alors de cette question éminemment complexe et sensible, une analyse en profondeur devrait partir des rapports dialectiques entre la religion, la société et l’Etat en Côte d’Ivoire, c’est-à-dire sonder d’abord les rapports que les différentes religions entretiennent entre elles ; ensuite les rapports de ces religions avec les sociétés civiles, et enfin les rapports entre ces religions et l’Etat ivoirien. La présente réflexion, non seulement parce qu’elle se veut synthétique, mais aussi pour faute de place, n’abordera pas ces trois niveaux d’analyse nécessaires. Elle voudrait cependant tenter de montrer le poids de la religion dans cette crise ivoirienne. Mais, de quelles religions s’agit-il ?


La Côte d’Ivoire et ses religions


Pluriethnique et Etat laïc, la Côte d’Ivoire est également multiconfessionnelle. Outre ses religions ethniques qui forment la toile de fond de la civilisation de ses différentes formations sociales, le pays, depuis le XIVe siècle au moins, connaît l’irruption d’autres systèmes spirituels, venus notamment de l’étranger. Historiquement et chronologiquement, il y a d’abord l’Islam ; apparaît ensuite le christianisme sous ses deux versants, catholique et protestant (méthodiste) ; Vient enfin le Harrisme. Par scissiparités, ces religions donneront naissance à une multitude de nouveaux mouvements religieux : l’islam et ses confréries musulmanes ; le christianisme et ses courants évangéliques et pentecôtistes ; les Eglises indépendantes africaines, issues de mouvements prophétiques2 ; une gamme de cultes traditionnels se présentant comme de nouveaux cultes continuateurs des religions tribales. A cette liste, il faut ajouter un nombre non moins important de fidèles des groupes dits de «sagesses d’Occident» et des mouvements venus d’Orient.


Caractérisée par une diversité religieuse, la Côte d’Ivoire se trouve pourtant fortement marquée par le catholicisme. Toutefois, selon le recensement général de la population et de l’habitation (RGPH 1998), la religion musulmane (38,6%) constitue la religion dominante du pays. Ils sont suivis des chrétiens (30,4%) dont 19,4% de Catholiques ; 6,6% de Protestants. Les autres chrétiens (courants protestants et pentecôtistes) représentent 3,1% et les Harristes 1,3%. Ensuite viennent successivement les sans religions (16,7%) et les Animistes (11,9%). Les autres croyants étant inférieurs ou égale à 5%. Lorsqu’on compare les données du recensement de 1988 et celles de 1998, l’on remarque une baisse du rythme de croissance de la population catholique (de 20,8% à 19,4%), des Musulmans (38,7% à 38,6%) et une légère régression des Harristes (de 1,4% à 1,3%). Dans le même temps, l’on constate une croissance accélérée des Protestants (de 5,3% à 6,6%) et une croissance assez significative des sans religions (de 13,4% à 16,7), ainsi qu’une augmentation des fidèles des courants protestants et pentecôtistes, de 0,1% à 3,1% (RGPH-1998). Comme on le voit, la crise ivoirienne surgit dans un contexte de marché religieux particulièrement dense, voire de mutation religieuse s’inscrivant dans une logique de diversification et de concurrence. On s’avise dès lors l’influence que peut avoir (eu), dans un sens comme dans un autre, ce paysage religieux hétérogène sur cette crise. Ce qui est certain c’est que toutes ces religions ont été plus ou moins mobilisées à la fois comme armes de combat, moyens de gestion et stratégies politiques.


Crise ivoirienne : la religion comme arme de combat des protagonistes


Dès le début de la crise qui s’est déclenchée en septembre 2002, ce qui se laisse voir, aussi bien au Nord qu’au Sud, c’est la référence constante au religieux ou au sacré, du moins l’instrumentalisation du religieux par le politique. Les parties en conflit, assurées en effet que le sacré protège contre l’ennemi, mais aussi et surtout peut le vaincre, ont toutes convoqué, comme acte de foi et pratiques, toutes les religions en Côte d’Ivoire. Quelques illustrations empiriques suffisent de l’attester. Le premier constat, au Nord comme au Sud, c’est la mobilisation du sacré traditionnel : le port des amulettes, observé notamment chez les rebelles et les forces pro-Ouattara ; le sacrifice de bœuf des chefs traditionnels à Agboville, le lancement des abeilles aux assaillants à Béoumi et dans le village de Gomon (Sikensi), la sortie du fokwè, une danse guerrière des hommes du peuple du sud-est, et de l’adjanou, une danse de malédiction exécutée par des femmes chez les Akan, dans la zone gouvernementale. A cela, on peut ajouter la profanation de lieux, d’objets et êtres sacrés de part et d’autre. On se souvient de l’histoire des danseuses d’adjanou qui ont été molestées dans le Walèbo (Sakassou), des objets des forêts sacrées emportés dans la même région. 

 
Aussi à la recherche des armes, des églises, des temples et des mosquées ont-ils été saccagés, des Imans, des pasteurs, des prêtres et des sacrificateurs molestés par les partisans des parties en conflit, tant à Abidjan qu’à l’intérieur du pays. On se souvient aussi des attaques des tombes de Hadja Nabintou, mère de Alassane Ouattara, et dupatriarche N’Guessan,père d’Amani N’Guessan…


Hors du front de bataille, ces actes montrent que les protagonistes de la guerre ivoirienneveulent déplacer le conflit du plan de la violence symbolique au plan de la guerre psychologique où les armes de combat deviennent des stratégies mentales pour affaiblir l’ennemi, puis le vaincre. Somme toute, aux yeux de maints observateurs, confirme le Pr Lanciné Sylla, cette guerre est apparue comme une “guerre mystique” où la magie, les sacrifices humains et les anciens rites du sang se sont réactualisés, rendant les effets propres et les effets collatéraux de la guerre d’autant plus atroces et inhumains. Le second constat : dans les armes tactiques de combat des protagonistes ivoiriens, ont été également convoqués le sacré islamique et chrétien.

 

En effet, au déclenchement de la crise ivoirienne en 2002, les religieux, notamment dans le Sud, ont apporté leur soutien par des prières et des déclarations aux autorités démocratiques et légitimement élues de la Côte d’Ivoire. Ces religieux (musulmans et chrétiens) ont choisi de se ranger du côté de la légalité dans la mesure où, dans cette crise, « ils y ont vu “une guerre du péché originel ivoirien”, une malédiction divine due au mensonge, à la corruption des mœurs politiques et sociales, à l’impunité et au manque de foi »5 des Ivoiriens. De cette convergence, il nait une sorte d’effervescence religieuse dont le but est de délivrer la Côte d’Ivoire des forces méchantes du Malin. Dans cet appel de la foi au secours de la résistance, les religieux ne finissent pas d’implorer la justice de Dieu sur la Côte d’Ivoire, sa nouvelle nation et la seconde patrie du Christ, pour la libérer d’une “guerre injuste”, une “guerre de conquête”, une “méchante guerre” ou une “guerre des méchants” imposée par des sorciers ennemis de la démocratie en Côte d’Ivoire6. Du côté des politiques, notamment dans le Sud, l’on remarque la métamorphose du discours politique en discours théologique ou en homélie, l’altération de l’homme politique en une manière de prédicateur de mauvais aloi. Dans le même temps, apparaît dans le vocabulaire populaire une kyrielle de nouveaux mots (religieux ou à connotation religieuse) dont « Que Dieu bénisse la Côte d’Ivoire » est devenu le leitmotiv dans les discours aussi bien des religieux, des politiques, des journalistes que des autres citoyens.

Mais, il faut aussi noter que le religieux n’a pas seulement été utilisé comme arme de guerre. Il l’a été également comme arme de paix, c’est-à-dire comme outil de gestion de la crise.


La gestion religieuse de la crise ivoirienne : les expériences du Forum des confessions religieuses


Juste après l’éclatement de la crise, un Forum des confessions religieuses fut mis sur pied. Enrichis des expériences directes de leurs communautés religieuses sur le terrain, les leaders religieux réunis au sein de ce forum n’ont pas seulement initié en commun des prières interreligieuses pour la paix et la réconciliation en Côte d’Ivoire. Dans le même sens, ils ont adressé des déclarations communes aux citoyens Ivoiriens qu’ils soient chrétiens, musulmans ou simplement croyants, mais aussi co-animé des conférences publiques7, comme pour donner raison à Memel-Fotê et Séry Bailly qu’en Côte d’Ivoire, en dehors des sermons et déclaration ordinaires, les religions sont intervenues bien souvent pour dénouer les crises, mais aussi ont laissé la liberté de choix politique à leurs fidèles : «depuis l’avènement du multipartisme, écrivent-ils, il est heureux pour la paix qu’aucune religion ne soit référée à son dogme ou à ses valeurs pour contester le pouvoir ou indiquer sa préférence pour un parti donné. Toutes ont libéré leurs membres et les ont laissés prendre leurs options politiques. Cette contribution à un pluralisme politique bien compris a sans doute bénéficié de l’expérience de la tolérance qui marque la grande diversité religieuse en Côte d’Ivoire »8.


Pendant cette crise, les leaders religieux n’ont donc pas cessé de prôner l’amour, la paix et la solidarité, de souligner le besoin crucial de préserver les valeurs morales et familiales, en appelant par exemple les politiques à s’engager fermement en faveur d’une amélioration de la gouvernance économique et les autres citoyens à se départir de la cupidité et de la soif de pouvoir. Tout récemment, le Collectif des responsables des confessions religieuses de Gagnoa9 a exhorté les populations à préserver la paix dans le département, en évitant les invectives et les affrontements. Dans une déclaration commune, le Collectif rappelle que la crise postélectorale en Côte d’Ivoire a déjà fait de nombreuses victimes. Ainsi lance-t-il un appel solennel à tous en vue de «tout mettre en œuvre pour épargner la ville de Gagnoa des affrontements inutiles». Cette position des religieux, qui se veut neutre au nom de l’unité nationale et de la stabilité politique, n’a pas toujours été constante. Car les autorités religieuses en Côte d’Ivoire n’ont pas échappé aux crispations politiques ou au pouvoir manipulateur du sacré. «+En effet, en période de crise socio-politique, les groupes sociaux qui se disent “apolitiques” ont tendance à se politiser à l’extrême, y compris les religieux… »#10. Autrement dit, le rôle des autorités religieuses dans la crise ivoirienne, et avec elles celui de leurs fidèles, variera au fur et à mesure de son extension dans l’espace et dans le temps. Ainsi, d’une arme de combat d’abord, de paix ensuite, la religion se transformera enfin en une stratégie politique, en un canal d’expression de la guerre ivoirienne. Ce qui donnera à cette guerre l’allure d’un conflit religieux.


La religion comme mode d’expression de la crise ivoirienne


Pour plusieurs observateurs et acteurs, la crise ivoirienne n’apparaît pas seulement comme une guerre politique ou une “guerre interethnique”, ou encore une “guerre régionaliste” (opposant le Nord au Sud). Elle est aussi vue comme une “guerre religieuse” (opposant Musulmans du Nord aux Chrétiens du Sud). Cette bipolarisation du conflit entre deux groupes hypothétiquement et stratégiquement définis comme étant le Nord contre le Sud, les Musulmans contre les Chrétiens, les Ivoiriens contre les étrangers11#, entretenue certainement depuis de longues années, connaîtra plus particulièrement son ascension aux extrêmes peu avant, pendant et après l’élection présidentielle de novembre 2010. Parmi les personnalités en lice pour cette élection présidentielle, deux incarnent (ou incarneraient) cette division entre un Nord musulman et un Sud chrétien : A. Ouattara, musulman et ressortissant du Nord et L. Gbagbo, chrétien (pentecôtiste), venant du Sud. Les discours de certains leaders religieux, notamment évangéliques et pentecôtistes, mais aussi une partie des fidèles catholiques et musulmans, y compris certains membres de leur hiérarchie, ne conduisent pas seulement à cette division régionaliste et religieuse. Ils la consacrent. Car comme les politiques, ces leaders religieux et leurs fidèles parlent d’une compétition entre Musulmans et Chrétiens, entre étrangers et Ivoiriens. En témoignent, l’utilisation de versets bibliques disant à peu près que l’on ne peut donner son pays à un étranger ; des déclarations, des sermons, des prières et prophéties indiquant même une opposition entre démons et anges saints. En effet, selon le Pr Lanciné Sylla, les causes le plus souvent évoquées pour expliquer cette crise politico-militaire ne sont en fait que des canaux d’expression de cette crise, si ce n’est pas, somme toute, que des alibis au service de stratégies politiques, stratégies de combat et de lutte politiques. Ainsi comme pour corroborer certaines thèses qui affirment que la religion n’est pas à l’origine de la crise qui a secoué la Côte d’Ivoire#12. Toutefois, certaines actions (déclarations et sermons mitigés, prophéties) des autorités religieuses ont fini par convaincre plus d’une personne que l’on pouvait les considérer parmi les acteurs ou protagonistes du conflit ivoirien. En effet, dans un blocage de la situation politique du pays, en prenant fait et cause pour l’une ou l’autre des parties en conflit, en propageant des prophéties à profusion dans l’espace public ivoirien, souvent incongrues, sans illumination divine, exaltant l’autochtonie, la xénophobie, la haine de l’autre, des autorités religieuses, et les fidèles qui ont adhéré à leurs discours et prophéties ont contribué à l’ascension de la crise ivoirienne aux extrêmes.


L’examen du rôle du religieux dans la crise ivoirienne en montre toute une ambivalence. En fait, du point de vue de la phénoménologie de la religion, cette ambivalence n’est pas une antinomie. Au fond, elle traduit et manifeste les deux dimensions de tout sacré : «Dans l’expérience existentielle, l’homme expérimente le sacré, ou l’invisible comme une puissance à deux dimensions, à la fois ordre et désordre, paix et menace, bonheur et malheur, bénédiction et malédiction»13#. En inscrivant leurs actions comme arme de paix et gestion de la crise, les leaders religieux ont accepté la «face “lumineuse” [du sacré] qui inspire à l’homme l’émerveillement, lui procure la joie, la paix et lui donne une surabondance de vie».

En se laissant pourtant instrumentaliser par le politique, ils ont opté pour la «face “obscure” [du sacré] qui inspire à l’homme l’effroi, la terreur, qui exprime un danger, présente la menace d’une force destructrice». Mais, dans un contexte ivoirien de lutte acerbe et sans merci pour la conquête ou la conservation du pouvoir, que peut le religieux, surtout dans un Etat laïc comme la Côte d’Ivoire où par ailleurs le tissu social est profondément déchiré par des passions politiques, obscurcies par une décennie au moins d’instabilité politique et surtout où les politiques restent plutôt dans la logique de la victoire absolue de leur propre camp ?


Gadou Dakouri 
Anthropologue, Université de Cocody-Abidjan

 

 

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23 octobre 2011 7 23 /10 /octobre /2011 13:42

C’est le remue-ménage actuellement au Camp de la gendarmerie d’Agban à Adjamé-Abidjan. Les 1000 gendarmes locataires qui viennent d’être affectés dans les ex-zones Centre-Nord-Ouest (Cno) de l’ex-rébellion ivoirienne, suite aux tirs qui ont secoué Agban dans la nuit du samedi 15 octobre dernier, sont sommés de vider les lieux.

 

Ils ont au plus tard aujourd’hui samedi 22 octobre 2011 pour rejoindre leurs nouveaux lieux d’affectation. Ces gendarmes suspectés d’être dangereux pour le régime Ouattara, selon nos sources, seront remplacés par leurs collègues issus des rangs de l’ex-rébellion ou « dormants » au sein du corps qui ont fait le lit à l’actuel chef de l’Etat. Leur mission consistera à aider à maitriser le camp d’Agban, le poumon de la gendarmerie, resté jusque-là inviolé par les combattants pro-Ouattara et suspecté d’être loyal au Président Laurent Gbagbo.


Les 150 éléments du Groupe d’escadron blindé (Geb) que commandait Jean-Noël Abéhi, en exil au Ghana, iront à Danané, Odienné, Séguela et Man. Ils ont tout simplement eu le malheur d’avoir travaillé sous les ordres d’Abéhi. Pour les mêmes raisons, les autres gendarmes des différentes unités, respectivement des 1er, 2ème, 3ème et 4ème escadrons mobiles d’Agban, Yopougon, Abobo et Koumassi, de l’Unité d’intervention de la gendarmerie nationale (Uign), ainsi que de plusieurs brigades de gendarmerie, sont affectés également à l’intérieur du pays. Des « garages » ou purgatoires concoctés par le régime Ouattara dont la frilosité n’échappe à aucun Ivoirien.


Schadé Adédé

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23 octobre 2011 7 23 /10 /octobre /2011 13:38

L’ancien ministre de l’Intérieur du président Gbagbo, feu Désiré Tagro sera inhumé, le samedi 5 novembre prochain à Gabia, son village natal dans la sous-préfecture de Saïoua, département d’Issia.

 

Avant cette dernière et douloureuse séparation, les ex-collaborateurs, les amis et connaissances présentent depuis le lundi 17 Octobre, les condoléances à la famille du défunt à Angré non loin de la pharmacie 7ème tranche de 18h à 20h.


L’ex-ministre Désiré Tagro a servi l’Etat en sa qualité de magistrat. Avant d’embrasser la carrière politique durant laquelle il a été le directeur de cabinet de feu Me Emile Boga Doudou, ministre de l’Intérieur du gouvernement Affi N’Guessan dès l’accession de Gbagbo au pouvoir. Il a été par la suite un Conseiller du président Gbagbo à la mort de Boga Doudou, atrocement tué par la rébellion armée déclenchée dans la nuit du 19 septembre 2002 contre le régime Gbagbo.

 

A sa mort, le 12 avril dernier, Désiré Tagro était le secrétaire général de la Présidence de la République. Comme l’ex-ministre Boga Doudou, Désiré Tagro est tombé sous les balles des mêmes ennemis de la Côte d’Ivoire qui ont attaqué le pays pour avoir le pouvoir d’Etat. Il a été lâchement assassiné à la résidence du chef de l’Etat où il se trouvait aux côtés du Président Laurent Gbagbo qui était sous le déluge de bombes larguées par les forces françaises, forces onusiennes, rebelles, snippers et des mercenaires déversés sur Abidjan pour offrir le pouvoir à Alassane Dramane Ouattara.

 

Selon des informations reçues, Désiré Tagro est sorti, les mains en l’air tenant un foulard blanc en guise de signe de paix pour demander l’arrêt des hostilités. Mais il a été, dit-on, foudroyé par les balles alors qu’il n’était pas armé. Ne dit-on pas que la guerre a des règles ? Et que même sur le théâtre des opérations, quand un ennemi sans arme, lève les mains, on ne le tue plus, mais on le capture pour le faire prisonnier.

 

Mais dans la stupide et inexplicable guerre faite à Laurent Gbagbo, cette règle a été royalement ignorée. La preuve, Désiré Tagro a été sauvagement tué alors qu’il ne représentait aucun danger. Physiquement éliminé de la sorte, il entre dans le registre des martyrs de la République de Côte d’Ivoire. Il restera à vie sur la conscience de ses bourreaux qui, seront sans doute, à l’oraison funèbre du disparu.

 

Comme Boga Doudou, Marcellin Yacé et de milliers d’Ivoiriens tués depuis 19 septembre 2002, Désiré Tagro est une victime dans le placard de ceux qui revendiquent la rébellion ivoirienne et la célèbrent sans chaque jour.


Benjamin Koré

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23 octobre 2011 7 23 /10 /octobre /2011 13:35

On en sait désormais un peu plus sur les dernières activités du colonel-major Hilaire Babri Gohourou, avant son assassinat le 4 avril 2011 à Abidjan. Hier vendredi 21 octobre, lors d’une cérémonie militaire au camp Galliéni au Plateau, en honneur à l’officier supérieur décédé, un de ses compagnons de la promotion 1983-1985 baptisée « Entente », a fait des révélations.

Le colonel-major Noël Koffi N’goran a fait cette révélation : « Le colonel-major Hilaire Babri Gohourou a été tué le 4 avril 2011 alors qu’il tentait une médiation pour éviter à la Côte d’Ivoire une hécatombe ». A en croire l’officier supérieur qui a dit l’oraison funèbre, le défunt était « très adulé par les ex-FDS et par les ex-FAFN ». Il était également très « jovial ».

Le colonel-major N’goran a fait les éloges de son camarade de promotion, avant de retracer son parcours militaire. Le chef d’Etat-major général des Forces républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI), le général de division Soumaïla Bakayoko et le contrôleur général de police, Kissi Anani qui représentait le ministre délégué à la Défense, Paul Koffi Koffi, se sont inclinés respectueusement sur la dépouille du colonel-major Babri Gohourou. Les FRCI ont rendu hommage à cet officier de cavalerie qui était, avant sa mort, le porte-parole de l’armée ivoirienne, sous Laurent Gbagbo.

Un défilé militaire d’adieu, sous la musique des FRCI, a clôturé la cérémonie. Un détachement des Forces terrestres composé d’une unité du Bataillon de commandement et de soutien (BCS), du Groupement ministériel des moyens généraux (GMMG), un détachement des Forces aériennes, de la Marine nationale et du Groupement des sapeurs-pompiers militaires (GSPM), ont défilé pour l'officier tombé. Les troupes étaient sous le commandement du chef de bataillon David Kokoua.

A la fin de la cérémonie, le drapeau de la nation et la dépouille de l’officier ont été remis à la famille, par le contrôleur général Kissi, pour son inhumation à Dougroupalégnoa, dans le département de Gagnoa. Le colonel-major Hilaire Babri Gohourou a été tué le 4 avril 2011 à la résidence présidentielle de Cocody. Il sera inhumé aujourd'hui samedi 22 avril.

 
Hervé KPODION

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23 octobre 2011 7 23 /10 /octobre /2011 13:30

Il affichait un grand sourire hier, vendredi 21 octobre 2011, à son quartier général de Marcory Zone 4C rue Lumière, face à la frénésie qui s’était emparée de ses hommes, à son arrivée au pays.

Vêtu d’un boubou marron sombre, il arborait un chapeau melon et des lunettes noires. Le commandant en second de la Garde républicaine, Issiaka Ouattara dit Wattao, a galvanisé ses troupes et répondu à tout ce qui s’est dit sur lui pendant son absence du territoire ivoirien. « Nous sommes dans la République. Maintenant, il faut laisser l’esprit de rébellion et marcher droit. N’allez pas risquer vos vies pour des bêtises. Je suis là, y a rien les gars ! », a lancé le commandant Wattao à ses hommes, qui scandaient son nom.

Ses éléments étaient visiblement heureux de retrouver leur chef après plusieurs semaines d’absence. Le commandant de la compagnie Anaconda des ex-Forces armées des Forces nouvelles (FAFN), était aux USA puis à Paris en France, pour des raisons privées. Alors qu’il était à l’étranger, plusieurs sources citées dans la presse ont annoncé qu’il était en fuite après ses déboires avec le nouveau régime en place. En effet, le commandant en second de la Garde républicaine avait été cité dans plusieurs affaires sales, notamment dans la crise qui opposait deux frères associés de la société Adam Afrique. Il avait été cité également dans la disparition de 45 millions de francs CFA appartenant à des militaires français à la retraite, qui venaient investir en Côte d’Ivoire.

« Nous devons protéger ce pouvoir d’Alassane Ouattara pour qu’il soit toujours là. C’est ce qu’on doit faire. Chacun sera responsable des actes qu’il va poser désormais. Il faut arrêter les exactions contre les populations », a indiqué le patron de l'ex compagnie Anaconda, qui est allé présenter ses civilités au Premier ministre Guillaume Soro, après son arrivée. Le plus important pour Wattao, c’est que le pays connaisse une stabilité et que l’économie reprenne. Des élèves militaires en formation, vêtus de la tenue que des jeunes inscrits au service civique, chantaient et dansaient à la gloire de leur mentor. A côté d’eux, des étudiants réunis au sein du Collectif des étudiants pour la cohésion sociale, se sont mobilisés massivement pour accueillir le commandant Wattao à son arrivée à l’aéroport.

Ils ont pausé avec celui qu’ils considèrent comme le sauveur des étudiants. « Wattao a été la seule autorité militaire à partager les peines des étudiants. Il était important que nous soyons à son accueil. Pour toutes les actions qu’il mène sur le volet social, nous sommes à ses côtés. Nous voulons en même temps participer au processus de réconciliation nationale », a déclaré Stéphane Tanoh, le président de ce collectif. En réponse, le commandant Wattao leur a donné ces conseils : « Vous êtes les dignitaires de demain. Laissez les armes et reprenez les stylos. Seul les études vous amèneront loin. Soyez des Alassane Ouattara et des Guillaume Soro de demain ». 

Hervé KPODION

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23 octobre 2011 7 23 /10 /octobre /2011 13:25

 

Le commandant Issiaka Ouattara dit Wattao a regagné Abidjan, hier à 11h, en provenance de Ouagadougou (Burkina Faso). Après un séjour de plusieurs semaines aux Etats-Unis d’Amérique. Contrairement à ce que ses proches avaient annoncé, l’ex- commandant de zone des Fn (ex-rébellion armée) et actuel N°2 de la Garde républicaine n’a fait aucune déclaration à son arrivée.

 

« Il a dû annuler son point de presse à la demande des autorités ivoiriennes », explique après coup un de ses proches. Celui-ci soutient que les autorités ivoiriennes étaient bel et bien informées de l’absence de Wattao et luiont conseillé de ne rien dire à son retour. Une manière de lui rappeler qu’il n’est plus le chef de guerre de la rébellion armée, chouchou d’une certaine presse qui intervenait comme bon lui semble.

 

Il est maintenant le commandant en second de la Garde républicaine et qu’il s’impose à lui une obligation de réserve. Wattao a dû se plier à ce qui pourrait s’apparenter à un rappel à l’ordre. Conséquence : la presse n’a plus été conviée à l’arrivée de Wattao. Seulement quelques amis et connaissances et sa garde rapprochée l’attendaient au salon d’honneur de l’aéroport Félix Houphouët-Boigny.

 

A ceux-là, il aurait néanmoins confié qu’il déplorait l’attitude de certains éléments des Frci qui, selon lui, se croiraient toujours dans la rébellion armée. « Il leur a demandé de changer de mentalité car leur comportement repousse les investisseurs étrangers », rapporte notre source. Wattao, selon la même source, a reçu un accueil militaire à son domicile à Biétry par le bataillon Anaconda de Port-Bouët. L’absence prolongée de Wattao avait été diversement interprétée. D’aucuns l’avaient annoncé en fuite parce qu’il serait dans le collimateur du régime Ouattara qu’il a pourtant contribué à installer au pouvoir par les armes. Son retour mettra-t-il fin aux diverses supputations ?

 

Augustin Kouyo  

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23 octobre 2011 7 23 /10 /octobre /2011 13:18

Issiaka Ouattara alias Wattao, qui a avait promis d'animer une conférence de presse le vendredi 21 octobre 2011 à son arrivée des Etats-Unis, a dû faire machine arrière, indépendamment de sa volonté.

 

Il a fait les frais des nouvelles mesures prises par l’état-major général des Forces républicaines de Côte d’Ivoire (Frci), le général de brigade Soumaïla Bakayoko, visant à mettre au pas des soldats friands des déclarations en l’emporte-pièce dans la presse sans prendre attache avec la hiérarchie militaire.

 

Le chef « Anaconda » Issiaka Wattao a donc dû, à son corps défendant, se plier à la décision de la hiérarchie. Si Wattao n’est peut-être pas visé particulièrement par cette mesure qui se veut, avant tout, disciplinaire, il reste néanmoins que le choix de la veille de son retour des Etats-Unis en Côte d’Ivoire, via le Burkina-Faso, où il a fait une escale, pour annoncer cette mesure, est loin d’être fortuit.

 

Le jeudi 20 octobre 2011, tard dans la soirée, au journal télévisé de 23 h, le colonel Chérif Moussa, porte-parole de l'état major général, a fait part de l’interdiction, à tout militaire, de s’exprimer dans la presse, soulignant que, désormais, toute déclaration ( interview, conférence ou point presse, contribution) est soumise à autorisation préalable de l’état-major des Frci. Tout contrevenant devrait en prendre pour ses galons. Le chef de l’état-major général des Forces républicaines de Côte d’Ivoire ( Frci), a donc décidé de mettre un terme au cafouillis qui prévalait au sein de la grande muette, notamment, en ce qui concerne les prises de parole dans la presse.

 

Vendredi dernier, arrivé aux environs de 10 h, le commandant Issiaka Wattao qui entendait animer un point presse s’est donc muré dans un silence. Il est la première grosse victime de cette mesure de recadrage des interventions soldats ivoiriens. Ce régime de musèlement total des hommes en armes vise à développer chez eux la culture de la discipline, éviter des dérapages, notamment verbales, au sein de la « grande muette », devenue trop bavarde depuis quelque temps. Le commandant Issiaka Wattao est un grand amoureux de la presse dans le milieu des soldats ivoiriens. Il aime tellement la presse que les journalistes, à sa grande satisfaction, ont construit un mythe autour de sa personne. Mythe que le gouvernement ne veut pas briser, mais veut, à tout le moins, contrôler, voire encadrer.

 

Dans cette optique, récemment, le ministre d’Etat, ministre de l’Intérieur, Hamed Bakayoko a clairement dit que « Wattao ne fera plus ce qu’il a envie de faire en Côte d’Ivoire ». Invité de l’émission « appels sur l’actualité » de Juan Gomez de Radio France Internationale (Rfi), le mercredi 05 octobre 2011 au palais de la culture à Treichville, Hamed Bakayoko, relativement aux nombreuses plaintes formulées à l’encontre de Wattao, a indiqué, dans des propos qui masquent mal une mise en garde : « Nous l’avons interpellé, le président de la République ( Ndlr Alassane Ouattara) l’a interpellé, le Premier ministre ( Ndlr Guillaume Soro) l’a interpellé. Il sait qu`il ne peut plus faire ce qu`il veut », avait-il lâché.

 

Une déclaration qui laisse clairement penser que le commandant Issiaka Wattao a perdu sa position de faveur, auprès des autorités ivoiriennes… Si le respecté et craint patron de la compagnie ''Anaconda'' n’est pas tombé en disgrâce, il n’est pas hasardeux d’affirmer qu’il est aujourd’hui sur une corde raide.


Armand B. DEPEYLA

 

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23 octobre 2011 7 23 /10 /octobre /2011 13:11

Séka Emmanuel est le père du commandant Anselme Yapo Séka dit Séka Séka. Nous l'avons rencontré, le jeudi 20 octobre 2011 à Biasso, son village. Il se prononce sur l'arrestation de son fils et donne son point de vue sur la réconciliation nationale.

 

Vous êtes bien le père du commandant Anselme Séka Séka ?

Oui, je suis son père.

Le commandant Séka Séka est-il votre fils aîné ?

Non. Il est le troisième, si je tiens compte des enfants que j’ai perdus.

Quand l’avez-vous vu pour la dernière fois ?

(Il hésite, cherche une date et finit par répondre : Ndlr) Je ne me rappelle plus. Une chose est sûre, c’est que depuis les événements post électoraux, je ne l’ai pas revu…(il hésite:Ndlr) Disons depuis décembre 2010. J’étais malade en décembre et il est venu au village me voir. Il a acheté mes médicaments et il est retourné à Abidjan. Il n’est plus revenu jusqu’aujourd’hui.

N’avez-vous pas eu de contacts téléphoniques depuis lors ?

Quand il est retourné à Abidjan, on s’appelait régulièrement. Mais depuis le mois d’avril 2011, j’ai perdu tout contact avec lui. Je m’inquiétais beaucoup pour lui. Je n’avais aucune nouvelle de lui.

On ne vous a pas informé de ce qu’il était dans un pays de la sous-région ?

De qui aurai-je eu ces informations ? Personne dans la famille ne savait où il était quand les éléments de l’armée nationale se sont dispersés. Ses amis non plus n'étaient pas informés. Pour moi, il n’était plus à Abidjan, puisque ses différents numéros de téléphone ne répondaient plus. Mais je n’avais aucune idée du pays où il s’est retranché et j’en souffrais. 
Comment avez-vous appris son arrestation ?
(Il observe un silence d’une trentaine de secondes et pousse un soupir). J’ai appris son arrestation à travers la télévision. On dit qu’il allait à Conakry et c’est quand l’avion est arrivé à Abidjan qu’il a été arrêté.

Qu’avez-vous ressentir en ce moment-là ?

J'ai été vraiment choqué et cela continue de me choquer. J’ai pleuré. Et je continue de pleurer. Je me demande ce qu’il a bien pu faire pour qu’on le présente nu à la télévision nationale, lui qui a servi son pays. Je sais qu’il était derrière la présidente Simone Gbagbo (aide de camp: Ndlr). Est-ce parce qu’il était derrière Mme Gbagbo qu’il a été arrêté ?

Avez-vous cherché à le voir ?

J’aimerais bien le voir et m’assurer au moins de sa santé. Mais il paraît qu’en ce moment, c’est impossible. Donc, je ne sais pas où il se trouve et entre les mains de qui il est. J’ai peur pour sa vie.

On a entendu dire qu’il était le chef des escadrons de la mort et qu’il était impliqué dans la disparition du journaliste français André Kieffer. N’avez-vous pas entendu parler de tout ça ?

J’ai entendu toutes ces accusations contre Séka Séka. Je sais que l’affaire Kieffer a été portée devant la justice. Je suis vraiment surpris qu’on dise autant de méchancetés sur mon garçon. Je ne suis pas sûr qu’il soit capable de commettre les actes qu’on lui reproche. C’est un garçon sans histoire. On dira que c’est mon fils et que je ne peux dire que du bien de lui. Mais interrogez ceux qui l’ont fréquenté, ceux qui ont fait l’école militaire avec lui. Ils vous diront qui est réellement Séka Séka. En tous cas, depuis que je l’ai mis au monde, je n’ai jamais appris qu’il a volé, qu’il s’est bagarré. Je n’ai jamais appris qu’il a fait du tort à quelqu’un à l’Empt (Ecole militaire préparatoire et technique : Ndlr ) de Bingerville où je l’ai inscrit quand il était enfant. Classé parmi les meilleurs de sa promotion, il est allé en France pour sa formation d’officier. Quand il est revenu à Abidjan, je n’ai jamais entendu de mauvaises paroles contre lui. Ces accusations ne sont que des préjugés. C'est peut-être de la jalousie ou la simple volonté de nuire à quelqu'un. J’attends que ceux qui l’accusent apportent simplement les preuves de leurs accusations, sinon ce serait facile de fabriquer des choses pareilles contre Séka Séka.

On cite également Séka Séka dans la mort de Robert Gueï, qu'en savez-vous ?

Mais pourquoi serait-il cité, alors qu'il n'avait aucun rapport avec le général Gueï ? Je ne le crois pas capable de se saisir d'une arme pour tuer quelqu'un.

Vous arrivait-il d’aborder tous ces sujets avec lui, quand il venait au village ?

Oui bien sûr, je ne manquais aucune occasion de parler de tout ça avec lui. Je le sentais peiné et malheureux devant toutes ces accusations. Un jour, il m’a dit ceci: ‘’ Tu vois papa, on m’accuse à tort. Les escadrons de la mort, je ne sais même pas ce que c’est. Mais ne t’en fais pas, un jour la vérité éclatera et tu verras que je ne suis nullement concerné par toutes ces choses’’. Jamais, je ne l’avais vu avec un air aussi sérieux et sincère. Et je partageais ses peines.

Le jour où on vous autorise à rencontrer votre fils, que lui diriez-vous ?

Je vais lui demander ce qu’on lui reproche. Je sais qu’il est garde du corps. C’est tout à fait normal qu’il se batte pour la personne qu’il garde. C’est le rôle, à mon avis, de tout bon militaire. Il était dans la garde de Mme Gbagbo. C’est tout ce que je sais. Mais alors pourquoi l’arrête-t-on ? Le jour où j’aurai l’occasion de le voir, je lui poserai la question de savoir ce qui s’est passé. Moi j'attendais plutôt que le président de la République, M. Ouattara, appelle Séka Séka et qu'il s'entende avec lui, parce que c'est un officier compétent. Il a servi son pays et peut mettre sa compétence au service du pouvoir actuel. Parce qu'un officier travaille pour la République

Que pensez-vous de la réconciliation ?

Réconciliation ?

Oui la réconciliation...

(Il laisse échapper un sourire) Réconciliation...réconciliation. Voyez-vous, nous qui sommes au village, ça ne nous concerne même pas.

Pourquoi ça ne vous concerne pas ?

Ceux qui étaient à Abidjan et qui sont nos porte-voix ont tous quitté le pays, de peur d'être arrêtés ou d'être tués. Alors quand on parle de réconciliation, j'aimerais bien savoir ce que ça veut dire. On arrête ton père, ton frère, ton ami et on vient de parler de réconciliation, qu'auras-tu à dire dans ce cas ? C'est de demander après ton proche qu'on a arrêté, n'est-ce pas ? Nos ministres, nos secrétaires et fédéraux de parti sont tous en exil. Alors, qui cette réconciliation concerne en fin de compte, si d'autres sont en prison ? Donc si on nous parle de réconciliation, nous les pauvres planteurs qu'avons-nous à dire ? On n'a pas d'autre choix que de dire oui. Finalement, on a peur. Même si on ne nous oblige pas, on ne peut que dire oui. Si on doit mettre la main sur ceux qui ont quitté le pays à chaque fois, alors je me demande comment cette réconciliation pourra se faire.

Vous ne croyez donc pas à la réconciliation ?

Je n'y crois pas ! Et je suis inquiet. Vous, vous y croyez ?

Qu'avez-vous sur le cœur que vous aimeriez dire ?

Ce que je peux dire, c'est de demander au président de favoriser la réconciliation. D'abord en mettant fin aux arrestations et en permettant à ceux qui ont quitté le pays de revenir. Les hommes passent, le pays demeure. Si hier les autres ne vous ont pas emprisonnés, n'en faites pas de même aujourd'hui, parce que demain ce sera au tour de quelqu'un d'autre d'être au pouvoir. Le président Ouattara est au pouvoir. Il sait ce qu'il fait et c'est à lui de faire en sorte que ce pays sorte de cette situation. 


Réalisée par 
Alain BOUABRE

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23 octobre 2011 7 23 /10 /octobre /2011 13:09

Le FPI ne prendra pas part aux élections législatives… ». C’est ce qu’a déclaré l’ancien ministre de la Défense de Laurent Gbagbo, Michel Amani N’Guessan, ce vendredi 21 octobre à Abidjan.

 

C’était en marge du forum sur le code de bonne conduite des partis politiques, groupements, forces politiques et candidats aux élections en Côte d’Ivoire.


M. Michel Amani N’Guessan qui était accompagné de l’ancien ministre de la Réconciliation nationale, Danon Djédjé, a exprimé ainsi la volonté du Front populaire ivoirien (Fpi) de ne pas prendre part aux législatives du 11 décembre 2011.


Il a justifié cette décision par des problèmes liés à l’insécurité que connaît la Côte d’Ivoire, après avoir évoqué l’incarcération de Laurent Gbagbo.

 

Pour lui, tout cela constitue un frein pour que le FPI s’engage dans le scrutin.


« Actuellement en Côte d’Ivoire, on peut vous ôter la vie à tout moment », s’est-il justifié.

Quant à leur présence à cet atelier, il a expliqué que le FPI est signataire du code de bonne conduite des partis politiques, des groupements, des forces politiques et des candidats aux élections en Côte d’Ivoire.


CHEICKNA D. Salif

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