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22 février 2013 5 22 /02 /février /2013 14:10

Madame Silvia Fernández de Gurmendi, présidente de la Chambre préliminaire I
Monsieur Hans-Peter Kaul, juge de la Chambre préliminaire I
 Madame Christine Van den Wyngaert, juge de la Chambre préliminaire I
 Madame Fatou Bensouda, procureure
 Monsieur Éric MacDonald, avocat du bureau de la procureure Cour pénale internationale
Boite postale 19519 2500 CM, La Haye Pays-Bas


Mesdames, Messieurs,


Comment se fait-il que l'audience tenue le 19 février à la CPI, dans l'affaire Laurent Gbagbo, ait été diffusée avec un décalage de 30 minutes ?


Pourquoi ce décalage?

 

Est-ce pour permettre à la CPI de censurer certains propos tenus à l'audience?

 

L'un des principes fondamentaux de la justice est que celle-ci doit être publique. Or, la justice internationale a de plus en plus recours à la censure. Elle dissimule l'identité des témoins et s'appuie sur de supposés faits, qui sont cachés au public, ainsi que sur des documents secrets. Cette pra tique soulève de graves interrogations. Les témoins du procureur peuvent se parjurer tant qu'ils veulent et ne seront pas inquiétés parce qu'à part les juges, procureurs et avocats de la CPI, tous tenus au secret, personne ne pourra prendre connaissance ni de l'identité des témoins, ni de la version intégrale de leurs déclarations enfouies à jamais.

 

Comment se fait-il en outre que des gens se plaignent de ne pas avoir pu regarder la retransmission de l'audience ?

 

Aviez-vous prévu un nombre suffisant de connexions? Combien ? Votre serveur a-t-il été débordé ?

 

Quand mettrez-vous la vidéo de l’audience en ligne, sur YouTube ? Cette vidéo contiendra-t-elle la version intégrale et non censurée de l'audience?

 

Comment se fait-il que d'autres personnes affirment avoir constaté des coupures de son lors de la retransmission Web de l'audience ?

 

Je vous le répète, pour que la justice soit impartiale, elle doit être publique. C'est un principe fondamental et incontournable. Si vous ne le respectez pas, vous n'administrez pas une vraie justice.

 

Et ne venez surtout pas me répondre en invoquant les excuses si pratiques que sont la «protection des témoins» ou les «raisons de sécurité». Les témoins de la procureure sont dans le camp du pouvoir. Ils sont protégés par les armes et l'argent de M. Ouattara et de M. Hollande. Ils n'ont rien à craindre. Ce sont plutôt les témoins gênants pour la procureure Bensouda et son collaborateur, M. MacDonald, qui sont en danger. La CPI ne fait rien pour les protéger, alors qu'ils se font massacrer dans l'impunité la plus totale. Des témoins ont été tués, par exemple, le 21 juillet dernier, à Nahibly. Je vous soupçonne même d'être heureux que ces témoins se taisent à jamais, car ils pourraient démontrer que la version des faits de Mme Bensouda et de M. MacDonald est un tissu de mensonges. Ces témoins en savent trop sur le massacre de Duékoué perpétré à la fin mars 2011 par l'armée (…) de M. Alassane Ouattara. Aujourd'hui encore, cette armée de terroristes continue de sévir et de faire d'innombrables victimes. Sous vos regards indifférents, voire complices, le pillage des terres et des autres biens consécutif au massacre de Duékoué se poursuit aujourd'hui. Même les médias friands des ragots de la soi-disant communauté internationale finis - sent par l'admettre.


Le parti-pris de la CPI crève les yeux Comment se fait-il que le compte Flickr de la CPI diffuse, au bas d'une photo de Laurent Gbagbo prise le 19 février, la description ci-dessous «Former Ivory Coast President Laurent Gbagbo attends a confirmation of charges hearing in his pre-trial at the International Criminal Court in The Hague February 19, 2013. Gbagbo is charged with crimes against humanity committed during the 2011 civil war sparked by his refusal to accept the election victory of rival Alassane Ouattara. REUTERS/ Michael Kooren (NETHERLANDS). The 2011 civil war sparked by his refusal to accept the election victory of rival Alassane Ouattara.» La guerre civile de 2011 a été déclenchée par le refus de Laurent Gbagbo d'accepter la victoire électorale de son rival, Alassane Ouattara? Donc, Laurent Gbagbo serait, selon la CPI, déjà jugé responsable de la guerre civile.


De plus, toujours selon la CPI, la guerre civile aurait éclaté en 2011. Tiens, tiens. Alors, à vous entendre, il n'y a pas eu de guerre civile, ni de tentative de coup d'État contre M. Gbagbo à partir du 19 septembre 2002. En novembre 2004, nous avons tous rêvé en voyant les soldats français tuer ou blesser des centaines de manifestants sans armes devant l'Hôtel Ivoire ainsi que des personnes qui ne faisaient que circuler sur les ponts. Mais non, les soldats français ne se sont pas «égarés» à bord de leurs blindés dans les rues d'Abidjan. Ils ne se sont pas retrouvés à deux pas du palais présidentiel. Ils n'ont pas été empêchés par des Ivoiriens ordinaires, toujours sans armes, de perpétrer leur coup d'État. Nous avons tous halluciné.

 

La CPI s'intéresse-t-elle aux faits ou à la sélection des faits ?

 

S'inscrit-elle dans l'Histoire ou fabrique-t-elle un récit pour consommation médiatique et littérature révisionniste ?

 

En somme, l'affaire est déjà jugée avant le procès. La CPI a décidé que Laurent Gbagbo avait perdu l'élection. Pourtant, le résultat électoral est au cœur même du litige. La prétendue victoire d'Alassane Ouattara proclamée par les fonctionnaires corrompus de l'ONU, les chefs d'État (…) de l'OTAN et les patrons de la presse menteuse n'est- elle pas contestée par l'accusé ?

 

M. Gbagbo et ses avocats ne possèdent-ils pas de solides preuves qu'il a bel et bien remporté l'élection ?

 

N'a-t-il pas le droit de faire valoir ses arguments avant d'être considéré comme un «mauvais perdant» qui se serait «accroché au pouvoir» et qui aurait ainsi causé une hécatombe ?

 

Personnellement, j'ai vu beaucoup de preuves de la défaite électorale de M. Ouattara, la première étant que le Conseil constitutionnel de la Côte d'Ivoire a proclamé officiellement Laurent Gbagbo vainqueur. Comment peut-on respecter la CPI si elle- même n'a aucun respect pour les institutions dûment constituées d'un pays souverain et pour les juges qui y travaillent ? Deuxième preuve de la défaite électorale de M. Ouattara : La multiplication des fraudes massives dans la zone sous l'emprise [des forces nouvelles]. Qu'un fonctionnaire corrompu de l'ONU, M. Young- Jin Choi, prétende n'avoir rien vu, ni rien entendu ne fera jamais disparaitre les rapports des nombreux observateurs étrangers qui ont été témoins de la violence, de l'intimidation, des bourrages d'urnes et des autres manœuvres frauduleuses.

 

Vous avez certainement pris connaissance, par exemple, du rapport de la mission d'observation électorale de l'Union africaine, même si vous feignez le contraire: La mission a relevé avec regret : des actes de violence graves notamment des pertes en vies humaines, des atteintes à l'intégrité physique, des séquestrations, des intimidations, des tentatives d'enlèvement et de dégradation du matériel électoral. Vous faites la sourde oreille ? Alors je répète plus fort, mais en empruntant les mots de la Coordination des experts électoraux africains, qui constate ceci, toujours dans la zone occupée par [les ex-rebelles proches] de M. Ouattara: «des vols d'urnes, des séquestrations des observateurs, des votes multiples, des bourrages d'urnes». Vous vous enfermez dans votre bureau capitonné et blindé pour ne pas m'entendre ? Je répète encore, cette fois sur le ton de l'Observatoire de la société civile africaine pour la démocratie et l'assistance civile, qui relève ceci, dans la même zone: «L'empêchement de voter des partisans de Laurent Gbagbo, des vols d'urnes par les militaires, des transports d'urnes à vélo par les militaires, des faux bulletins sans hologramme.»

 

Vous pensez pouvoir fuir la vérité, mais la voici qui vous rattrape. Cette fois, c'est la Coordination des observateurs des sociétés civiles africaines, qui rassemble 21 organisations africaines et qui a pu constater ceci dans les 1541 bureaux de vote qu'elle a visités, en pleine zone souffrant de la présence de l'armée de M. Ouattara: «Des militants et représentants de Laurent Gbagbo empêchés de voter; des vols et transports d'urnes par les militaires des Forces Nouvelles [nom accrocheur donné aux rebelles pro-Ouattara pour séduire les médias]; de nombreux dégâts corporels et maté - riels; des agressions physiques contre les parti- sans de Laurent Gbagbo. Je vous soumets une troisième preuve, même si je sais que votre généreuse rétribution a tendance à causer l’aveuglement. Les résultats invoqués par M. Choi (et maintenant par la CPI) pour proclamer illégitimement la victoire de M. Ouattara, au nom de la communauté internationale, ne sont que des résultats provisoires constitués à partir de procès-verbaux bourrés de graves irrégularités. Ces résultats ont été annoncés après le délai prescrit. Ils l’ont été par M. Youssouf Bakayoko, président déshonoré de la Commission électorale indépendante (nom trompeur désignant un organisme partisan aux ordres de M. Ouattara). Pire encore, M. Bakayoko a fait cette annonce tout seul, dans le QG de M. Ouattara, en l'absence du reste de la Commission et de la presse ivoirienne, devant quelques journa - listes étrangers médusés. (…)

 

Comment la CPI peut-elle affirmer, au bas d'une photo censée représenter un procès juste et équitable, que M. Laurent Gbagbo a déclenché une guerre civile «par son refus d'accepter la victoire électorale de son rival, Alassane Ouattara» ? C'est un mensonge pur, simple et fondamental. En diffusant ce mensonge au bas d'une photo de son compte Flickr, la CPI nous montre que, loin d'être impartiale, elle n'est qu'un rouage de l'injustice internationale. Et les gens qui y travaillent sont des complices parfaitement conscients de cette injustice. (…) 

 

Nous sommes trop nombreux à connaitre la vérité sur ce qui s’est passé en Côte d’Ivoire, lors des élections présidentielles de 2010. Vous ne pourrez pas tous nous faire disparaitre ou nous museler indéfiniment. Partout dans le monde, des millions de personnes savent que M. Gbagbo est un grand démocrate et un homme de paix et de progrès. Même moi qui habite loin de la Côte d'Ivoire, dans mon pays de neige et de glace, j'ai entendu la voix chaleureuse de l'homme juste et bon, source d'inspiration pour toute l'humanité, que vous essayez de faire passer pour un criminel. J'ai senti et je sens toujours l'espoir des patriotes ivoiriens que vous essayez de déshonorer par vos mensonges. Vous n'échapperez pas au jugement de l'Histoire, malgré vos toges.


Bernard Desgagné Gatineau,
Québec

 

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22 février 2013 5 22 /02 /février /2013 14:08

Le troisième jour de l’audience de confirmation des charges contre le président Laurent Gbagbo qui s’est déroulée était essentiellement consacré à la déposition de l’accusation. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que les accusateurs du président Laurent Gbagbo non seulement ne savent pas de quoi ils parlent, mais, en plus, ils se donnent tout le mal du monde pour raconter une histoire invraisemblable pour qui a vécu la crise ivoirienne.


    Par exemple, sur la marche des femmes d’Abobo qui est au cœur de l’acte d’accusation, le parquet a expliqué le plus tranquillement du monde que trois mille femmes manifestaient pacifiquement au niveau du rond-point d’Anador, quand un convoi militaire en provenance du camp commando a fait brutalement feu sur elles, faisant sept morts. Selon l’accusation, s’appuyant sur des images vidéo, ce serait un tank de la gendarmerie ou de la garde républicaine qui serait à la base de l’attaque. Le hic dans l’affaire, c’est que le char qui a tiré à bout portant sur une foule de trois mille personnes n’a fait que sept victimes. Pis, pour des femmes supposées avoir été tuées par des canons, les corps étaient en bon état, hormis la victime à la tête éclaboussée. En tout état de cause, une autopsie des corps et une analyse balistique sérieuse seront obligatoires pour déterminer si c’est bien le tank de l’armée ivoirienne visible dans la vidéo qui est à l’origine de l’attaque. Et on se demande bien comment le parquet va réussir à convaincre les juges d’une telle éventualité. En tout état de cause, l’accusation n’a pas expliqué pour quoi, alors que, selon elle, les femmes manifestaient dans un périmètre qui n’obstruait pas le chemin du convoi militaire, les soldats ont eu besoin de tirer sur elles.


   Autre fait intrigant, alors que le représentant du parquet a affirmé à maintes reprises qu’aucun homme ne figurait parmi les manifestants, on voit bien dans la vidéo que non seulement il y avait beaucoup d’hommes, mais qu’en plus, certains étaient armés.


    L’autre fait sur lequel s’est appuyée l’accusation, c’est le supposé bombardement d’un marché d’Abobo, le 17 mars 2011. Selon le récit raconté hier à la barre de la Cour pénale internationale (Cpi) par les collaborateurs de Fatou Bensouda, des éléments du Bataillon artillerie sol air (Basa) basés au camp commando d’Abobo sont à l’origine de ces bombardements. A en croire l’accusation, ces bombardements auraient visé le quartier d’Abobo derrière rail, le Village Sos et la mairie d’Abobo et auraient fait vingt cinq victimes. Mais la question à laquelle l’accusation n’a pas répondu, c’est de savoir pourquoi l’armée a décidé de lancer des obus sur ces endroits précis et non ailleurs. Surtout que Mme Bensouda et ses collaborateurs affirment qu’au moment des faits, aucun individu armé n’était présent à Abobo. Comme si le «Commando invisible» dont on sait qu’il s’était rendu maître d’Abobo n’avait jamais existé. Autre motif d’interrogation, c’est le nombre de victimes au regard du mode d’action des meurtriers tel que décrit par l’accusation. En effet, tout au long de son exposé, le représentant du parquet a affirmé à plusieurs reprises que les éléments des forces de défense et de sécurité (FDS) tiraient aveuglément. On se demande alors comment, dans une zone « densément peuplée », comme l’accusation elle-même a décrit la commune d’Abobo, des tirs aveugles ne réussissent qu’à faire à peine une vingtaine de victimes. Surtout que plusieurs obus de mortier sont supposés être tombés sur un marché bondé de monde.


    Mais la plus grande faiblesse de l’accusation, c’est qu’au cours des exposés, elle n’a jamais montré clairement l’implication personnelle et directe du président Gbagbo dans la commission des faits. En dehors d’affirmations générales sur le rôle de chef d’Etat et de chef suprême des armées, nulle part l’accusation n’a brandi un ordre verbal ou écrit explicite donné aux militaires pour tuer. Plus ridicule, l’accusation a cité régulièrement les généraux Mangou et Détoh comme étant les relais entre le président Gbagbo et l’armée. Or ces derniers, tout le monde le sait, sont aujourd’hui dans les bonnes grâces du régime Ouattara.


  Aujourd’hui, la défense qui prendra la parole aura certainement l’occasion de relever toutes les incohérences et les contradictions d’une accusation dont on voit bien qu’elle n’a fait que recopier les rapports de l’Onuci et de certaines Ong. Croisons les doigts !


Guillaume T. Gbato

 

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20 février 2013 3 20 /02 /février /2013 19:42

Rechercher les voies et moyens pour éviter à la Côte d'Ivoire de nouveaux échecs lors des prochaines Can.


C'est l'objet de la rencontre entre le Ministre de la Promotion de la jeunesse, des sports et loisirs, Alain Lobognon et le président de la Fédération ivoirienne de football (Fif), Augustin Sidy Diallo, qui s'est déroulée, hier lundi 18 février 2013, au 3e étage du siège de la Fif à Treichville. « Nous avons initié cette rencontre avec la Fif pour faire des recommandations qui seront soumises au gouvernement afin de relancer le football ivoirien après l'échec de Johannesburg 2013 », dira le ministre à la presse au terme de la rencontre. Car selon lui «Les Ivoiriens sont fatigués des échecs répétés depuis le sacre de 1992 ».


Alain Lobognon entend donc apporter des changements au football ivoirien. Et cela passe par la formation des cadres techniques, des arbitres et surtout la mise en place d'une vraie politique de relève des athlètes qui seront issus d'un championnat de jeunes dont le top départ sera donné dans les prochains jours.


En écoutant le ministre Lobognon, Sidy Diallo et ses collaborateurs lui ont aussi fait un résumé de ce qu'ils ont déjà entrepris.De quoi lui permettre d'espérer en un lendemain meilleur « si les propositions qui ont été faites lors de cette séance de travail sont mises en œuvre, la Côte d'Ivoire pourra occuper une place de choix en Afrique ». Il entend pour ce faire, s'appuyer sur le potentiel dont dispose le pays. «Nous avons les athlètes, nous avons les dirigeants et nous avons les moyens. Tout est donc réunis pour un nouveau départ de notre football. », affirmera-t-il.


Si les intentions sont bonnes, il faut pourtant éviter d'aller trop vite au galop. Car si la recherche des solutions est faite dans la précipitation, on pourrait oublier l'essentiel. Qui est de poser les bases d'un développement sportif sur le long terme qui fera gagner des titres à la Côte d'Ivoire. Comme l'Espagne aujourd'hui.

 

Guillaume AHOUTOU

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20 février 2013 3 20 /02 /février /2013 19:40

L'audience de confirmation des charges contre l'ex-président Laurent Gbagbo promet d'être électrique. Le ton en a été donné dès la première journée qui s'est tenue hier, mardi 19 février, à La Haye.


C'est l'un des procureurs de la Cour pénale internationale( Cpi) qui a annoncé les couleurs de ce qui se projette comme une chaude empoignade entre la défense et l'accusation. Le premier couac est intervenu alors que l'un des avocats de Gbagbo, le Pr Jacobs, était en train de démontrer à la Chambre préliminaire I que l'affaire était irrecevable par la Cpi. Afin d'étayer sa position, l'avocat s'est employé à montrer que le dossier devait être renvoyé purement et simplement devant les juridictions ivoiriennes parce que la justice en Côte d'Ivoire a déjà ouvert une procédure judiciaire contre le même Laurent Gbagbo et donc est « capable » de le juger. Et que par conséquent, les gouvernants ont ainsi montré leur « volonté » de traduire tous les suspects devant la justice.


Pour lui donc, dès lors que la justice ivoirienne se montre capable de le juger et que les autorités font montre d'une réelle volonté d'engager des poursuites contre Gbagbo et bien d'autres personnes soupçonnées de crimes pendant la crise post-électorale, la Cpi doit juger l'affaire irrecevable et en conséquence renvoyer Gbagbo devant la justice ivoirienne.

Cet argument développé, l'avocat va poursuivre son intervention en tentant de situer la responsabilité de la communauté internationale, notamment de la France et des Nations Unies dans l'affaire au cœur de l'audience. « Il y a une volonté de la défense de Gbagbo de glisser sur le terrain politique et pointer du doigt la France et l'Onu ; c'est mal venu », a commenté un observateur sur un plateau de télévision. C'est justement cette sortie, jugée mal à propos, qui a fait bondir un substitut du procureur, qui est intervenu pour recadrer le Pr. Jacobs. « Ce n'est pas l'occasion de faire des déclarations préliminaires avant que le procureur n'ait présenté ses charges », interrompt-il son vis-à-vis. Une intervention bien accueillie par la présidente du tribunal, Sylvia Fernandez de Gurmendi. « En tout cas, c'est vrai », acquiesce-t-elle en effet, avant de demander à la défense de revenir à l'objet précis de son argumentaire. « Vous avez 5mn pour conclure », somme-t-elle pratiquement l'avocat de Gbagbo.


L'autre temps fort de cette audience, c'est sans aucun doute l'interruption de son intervention par le même substitut du procureur, qui voulait ainsi laisser l'occasion au principal conseil de Gbagbo, Me Altit, de réagir. C'est que le substitut du procureur le sentait piaffer d'impatience pendant que l'accusation tentait d'expliquer que l'affaire peut bien être jugée par la Cpi. «  Je tiens à affirmer immédiatement que l'accusation démontrera clairement que cette affaire est tout à fait admissible devant la Cour, lance le substitut du  procureur. Que M. Gbagbo ne saurait être libéré des charges qui pèsent contre lui car il n'y aucune commune mesure entre les charges auxquelles M. Gbagbo fait face en Côte d'Ivoire et les charges de crimes contre l'humanité, de persécution, de viol, d'actes inhumains... ». Et d'asséner par la suite : «  Nous démontrerons que cette écriture déposée quatre jours avant l'audience ( parlant d'un document de la défense, ndlr) est un écran de fumée. Et est destinée à plaider pour la galerie ».


Constatant que Me Altit semblait démangé par une envie irrépressible de prendre la parole, il suspend net son propos et lui lance : « Me Altit, voulez-vous vous adresser à la Cour ? Je m'assois et vous laisse la place ». Celui-ci ne se fait pas prier, qui lui donne la réplique : « Ce n'est pas le lieu pour un procès d'intention. Ce n'est pas le lieu pour des accusations gratuites... ».Il est aussitôt coupé par la présidente du tribunal. « Je m'excuse de vous interrompre. Vous aurez l'occasion de lui répondre... », le rappelle-t-elle à l'ordre. L'audience s'est poursuivie dans une ambiance moins heurtée. Un second substitut du procureur est en effet intervenu par la suite pour essayer de démonter les arguments de la défense de l'ancien chef de l'Etat, sous le regard perdu d'un Laurent Gbagbo visiblement en bonne forme.


Assane NIADA

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20 février 2013 3 20 /02 /février /2013 17:53

L'audience de confirmation des charges contre l'ex-président Laurent Gbagbo promet d'être électrique. Le ton en a été donné dès la première journée qui s'est tenue hier, mardi 19 février, à La Haye.


C'est l'un des procureurs de la Cour pénale internationale( Cpi) qui a annoncé les couleurs de ce qui se projette comme une chaude empoignade entre la défense et l'accusation. Le premier couac est intervenu alors que l'un des avocats de Gbagbo, le Pr Jacobs, était en train de démontrer à la Chambre préliminaire I que l'affaire était irrecevable par la Cpi. Afin d'étayer sa position, l'avocat s'est employé à montrer que le dossier devait être renvoyé purement et simplement devant les juridictions ivoiriennes parce que la justice en Côte d'Ivoire a déjà ouvert une procédure judiciaire contre le même Laurent Gbagbo et donc est « capable » de le juger. Et que par conséquent, les gouvernants ont ainsi montré leur « volonté » de traduire tous les suspects devant la justice.


Pour lui donc, dès lors que la justice ivoirienne se montre capable de le juger et que les autorités font montre d'une réelle volonté d'engager des poursuites contre Gbagbo et bien d'autres personnes soupçonnées de crimes pendant la crise post-électorale, la Cpi doit juger l'affaire irrecevable et en conséquence renvoyer Gbagbo devant la justice ivoirienne.


Cet argument développé, l'avocat va poursuivre son intervention en tentant de situer la responsabilité de la communauté internationale, notamment de la France et des Nations Unies dans l'affaire au cœur de l'audience. « Il y a une volonté de la défense de Gbagbo de glisser sur le terrain politique et pointer du doigt la France et l'Onu ; c'est mal venu », a commenté un observateur sur un plateau de télévision. C'est justement cette sortie, jugée mal à propos, qui a fait bondir un substitut du procureur, qui est intervenu pour recadrer le Pr. Jacobs. « Ce n'est pas l'occasion de faire des déclarations préliminaires avant que le procureur n'ait présenté ses charges », interrompt-il son vis-à-vis. Une intervention bien accueillie par la présidente du tribunal, Sylvia Fernandez de Gurmendi. « En tout cas, c'est vrai », acquiesce-t-elle en effet, avant de demander à la défense de revenir à l'objet précis de son argumentaire. « Vous avez 5mn pour conclure », somme-t-elle pratiquement l'avocat de Gbagbo.


L'autre temps fort de cette audience, c'est sans aucun doute l'interruption de son intervention par le même substitut du procureur, qui voulait ainsi laisser l'occasion au principal conseil de Gbagbo, Me Altit, de réagir. C'est que le substitut du procureur le sentait piaffer d'impatience pendant que l'accusation tentait d'expliquer que l'affaire peut bien être jugée par la Cpi. «  Je tiens à affirmer immédiatement que l'accusation démontrera clairement que cette affaire est tout à fait admissible devant la Cour, lance le substitut du  procureur. Que M. Gbagbo ne saurait être libéré des charges qui pèsent contre lui car il n'y aucune commune mesure entre les charges auxquelles M. Gbagbo fait face en Côte d'Ivoire et les charges de crimes contre l'humanité, de persécution, de viol, d'actes inhumains... ». Et d'asséner par la suite : «  Nous démontrerons que cette écriture déposée quatre jours avant l'audience ( parlant d'un document de la défense, ndlr) est un écran de fumée. Et est destinée à plaider pour la galerie ».


Constatant que Me Altit semblait démangé par une envie irrépressible de prendre la parole, il suspend net son propos et lui lance : « Me Altit, voulez-vous vous adresser à la Cour ? Je m'assois et vous laisse la place ». Celui-ci ne se fait pas prier, qui lui donne la réplique : « Ce n'est pas le lieu pour un procès d'intention. Ce n'est pas le lieu pour des accusations gratuites... ».Il est aussitôt coupé par la présidente du tribunal. « Je m'excuse de vous interrompre. Vous aurez l'occasion de lui répondre... », le rappelle-t-elle à l'ordre. L'audience s'est poursuivie dans une ambiance moins heurtée. Un second substitut du procureur est en effet intervenu par la suite pour essayer de démonter les arguments de la défense de l'ancien chef de l'Etat, sous le regard perdu d'un Laurent Gbagbo visiblement en bonne forme.


Assane NIADA

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20 février 2013 3 20 /02 /février /2013 17:05

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

L’ancien président ivoirien Laurent Gbagbo, soupçonné d’avoir fomenté un "plan" de meurtres et de viols pour s’accrocher au pouvoir, a comparu mardi devant la CPI, sous le coup de soupçons pour crimes contre l’humanité. "Je voudrais souligner que cette audience n’est pas un procès, cette chambre ne doit pas appeler à se prononcer sur la culpabilité ou l’innocence de M. Gbagbo", a déclaré en français la juge présidant la chambre préliminaire, Silvia Fernandez de Gurmendi, en ouvrant cette audience de confirmation des charges.

 

Premier ex-chef d’Etat remis à la CPI, Laurent Gbagbo, 67 ans, est soupçonné d’être "co-auteur indirect" de quatre chefs de crimes contre l’humanité, à savoir meurtres, viols, persécutions et autres actes inhumains, commis pendant les violences postélectorales de 2010-2011. La défense a par ailleurs contesté la recevabilité de l’affaire devant la Cour, assurant que l’affaire contre M. Gbagbo devrait être jugée en Côte d’Ivoire, avec celles de son épouse Simone, également sous le coup d’un mandat d’arrêt de la CPI, et de l’un de ses proches, Charles Blé Goudé, inculpé récemment de "crimes de guerre" en Côte d’Ivoire. Le gouvernement ivoirien n’a pas donné de réponse officielle à la demande de la CPI de lui remettre Simone Gbagbo. A l’ouverture de l’audience à 13h30,

 

Laurent Gbagbo a salué les journalistes et ses partisans présents dans la galerie du public. Vêtu d’un costume bleu foncé, d’une chemise et d’une cravate bleu clair, l’ancien président, assis derrière les avocats de la défense, à gauche de la salle d’audience, affichait une bonne mine. Cette audience avait été reportée à deux reprises, notamment afin d’évaluer la santé de l’ancien président et sa capacité à assister aux audiences. L’horaire a été adapté, et les audiences se dérouleront uniquement l’après-midi, entrecoupées par des pauses toutes les heures.

(Afp)

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20 février 2013 3 20 /02 /février /2013 17:02

Avant-hier, sur sa page Facebook, Serges Kassy a publié ce post.


«Le week-end dernier, avec des amis. Je me suis rendu dans la commune d’Evry. Après un tour dans le restaurant d’un frangin nommé Appo, une invitation m’a été donnée par des amis trouvés sur place dans un bar-restaurant très fréquenté par la communauté africaine surtout ivoirienne. Le propriétaire des lieux voulant me recevoir, je n’y ai trouvé aucune objection. (...) Le bar était bondé de monde. Dès notre entrée, le Dj annonce ma présence. Moi qui voulais passer incognito, c’était raté. A l’annonce de mon nom, l’optimale à l’applaudimètre fut atteint.

 

Rassuré de n’être pas dans un endroit hostile, et surtout ayant remarqué la présence de mon frangin Abel Naky, je fus invité à m’asseoir à leur table. Après 15 mn, mes amis dans le cadre de la promo de mon maxi single, proposent au Dj de jouer mon nouveau maxi single. Voulant faire de cela une occasion solennelle, le Dj arrête tout et invite tout le monde à l’écouter. Après son speech, il me demande au nom du public présent, de venir le rejoindre sur le plateau. Ce que j ai fait sous les applaudissements du public.

 

Pendant que le Dj me demandait de prendre la parole, un adorateur du nom de Lasso, très connu pour son activisme contre les pro-Gbagbo à Evry, me lance des injures, que je vous épargne. Contre toute attente, alors qu’il croyait avoir le soutien des pro-Ado, c’est presque toute la salle très remontée, qui a failli le lyncher avec en tête le propriétaire des lieux, qui le mit dehors et le somma ne plus jamais y mettre les pieds. Tous sont venus me présenter leurs excuses car pour eux, qui sont, pro-Ado, l’artiste que je suis est un digne fils de la Côte d’Ivoire (...). Une bouteille de champagne fut offerte en guise d’excuse par la direction. La fête a continué jusqu’au petit matin et nous nous sommes séparés, heureux pour moi d’avoir trouvé à Evry des pro-Ado et des pro-Gbagbo qui ont le sens de la différence et qui vivent en parfaite harmonie dans leur différence, sans animosité.


C’est cet acte là que je salue. J’aimerais qu’il s’étende sur toute la Côte d’Ivoire et sur tous les Ivoiriens, car le droit à la différence doit être accepté par tous et ne devrait pas servir de prétexte à certains pour renforcer la division entre les Ivoiriens. A commencer par les autorités ivoiriennes, car, la réconciliation de la Côte d’Ivoire passe obligatoirement par le dialogue et la fraternité. Les armes, la violence, sur toutes ses formes, jusque-là n’ont rien donné.


Bravo et merci aux patriotes et aux adorateurs d’Evry. Que Dieu bénisse la Côte d’Ivoire notre pays».


Serges Kassy

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20 février 2013 3 20 /02 /février /2013 16:47

Laurent Gbagbo va-t-il être renvoyé à Abidjan pour être jugé dans son pays ? En attendant le réquisitoire du parquet de la Cour pénale internationale (CPI), aujourd’hui, c’est la question qui émerge de la première journée de l’audience de confirmation des charges contre l’ex-président ivoirien, qui se tient depuis hier à la Haye.

 

L’ouverture de cette audience a été marquée, outre la spécification claire des charges retenues contre l’accusé, de l’intervention de la défense portant récusation de la requête du parquet contre l’ancien chef de l’Exécutif de la Côte d’Ivoire. La défense de Laurent Gbagbo, représentée par Me Emmanuel Altit et le Professeur Jacob, a attaqué d’entrée la forme de l’audience, remettant en cause la recevabilité de la requête introduite par la procureure de la Cour pénale contre son client.

 

En invoquant l’article 17 des Statuts de Rome fondant la CPI, le juriste démontre l’incompétence de cette juridiction internationale à connaître des faits portés à sa connaissance à propos de son client. Pour qu’une requête soit recevable par la CPI, cet article exige en effet qu’il soit établi que  l’Etat-partie ne dispose pas des moyens pour engager une action judiciaire sur son territoire ou n’en manifeste pas la volonté. «Pour déterminer s'il y a incapacité de l'État dans un cas d'espèce, la Cour considère si l'État n'est pas en mesure, en raison de l'effondrement de la totalité ou d'une partie substantielle de son propre appareil judiciaire ou de l'indisponibilité de celui-ci, de se saisir de l'accusé, de réunir les éléments de preuve et les témoignages nécessaires ou de mener autrement à bien la procédure» (Art 17.3 des statuts de Rome).

 

A la lumière des ‘’exigences’’ posées par ce texte que sont les principes de la ‘’capacité’’ et de la ‘’volonté’’, le Pr Jacob veut prendre la Cour à défaut et tenter d’en convaincre la juge unique de l’audience, Sylvia De Gurmendi, de renvoyer le président Laurent Gbagbo dans son pays pour y être jugé. La Côte d’Ivoire et ses dirigeants, ayant, comme il le dit, les moyens et la volonté de juger les mis en cause dans la crise post-électorale. «La Côte d’Ivoire n’est ni incapable ni ne manque de volonté de juger les personnes incriminées. (…). L’affaire est irrecevable, s’il existe des poursuites au niveau national, à moins qu’il soit démontré que l’Etat n’en a pas les capacités ou la volonté».

 

Or, précise le professeur de droit, «la Côte d’Ivoire, elle-même, proclame sa capacité à poursuivre les mis en cause». Ce qui équivaut à dire qu’elle peut et doit aussi juger Laurent Gbagbo au lieu que celui-ci ait à comparaitre à la Haye. Pour mieux étayer ses propos, l’associé de Me Altit (l’avocat principal de l’ex-chef de l’Etat ivoirien) charge toujours sur la fragmentation du procès. Ne comprenant que pour les mêmes faits pour lesquels son client est cité comme co-auteur, Simone Gbagbo son épouse et le leader de la jeunesse patriotique, Charles Blé Goudé, soient eux jugés en Côte d’Ivoire.

 

Le pouvoir pris à son propre jeu

 

Indirectement, cette démonstration de la défense de l’ex-président de la République met dans une posture inconfortable, les autorités ivoiriennes. A la lumière de la plaidoirie du Pr. Jacob, le pouvoir est pris à son propre jeu. Celui d’avoir décidé de l’envoi de Laurent Gbagbo à la Haye, en gardant sur place les personnes poursuivies pour les mêmes crimes que lui.

 

Ce qui voudrait dire que l’ancien chef de l’Etat pouvait, lui-aussi, être jugé en Côte d’Ivoire. On se souvient à l’époque que le président Ouattara avait justifié ce choix par une volonté de transparence dans le jugement de son prédécesseur. La justice ivoirienne ne faisant pas l’unanimité dans l’opinion de façon générale.

 

Cette suspicion sur les juridictions ivoiriennes suffisait-elle pour se débarrasser du prisonnier de Korhogo à la Haye? La CPI va-t-elle aller dans le sens des avocats du mis en cause et suspendre la procédure en cours pour décider de son renvoi dans son pays ? Tout va dépendre, aujourd’hui, des arguments de l’accusation et des débats qui vont s’ensuivre. Ce qui est certain, c'est que cette audience annonce des surprises.

 

Félix D.BONY

 

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20 février 2013 3 20 /02 /février /2013 15:56

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Quelles sont les conditions matérielles de vie de Laurent Gbagbo au sein du quartier pénitentiaire de la Cour pénale internationale, dans la prison de Scheveningen (Pays-Bas) ?

 

Éléments de réponse en attendant le 19 février, date de l'examen des charges qui engageraient la responsabilité pénale de l'ex-président ivoirien pendant la crise postélectorale ivoirienne de 2010-2011.

 

 1. Pourquoi Laurent Gbagbo est-il détenu à la CPI ?

 

L’ex-président ivoirien est détenu dans le cadre d’une enquête concernant les crimes commis durant la crise postélectorale ivoirienne entre le 16 décembre 2010 et le 12 avril 2011. Le 19 février 2013, la Cour examinera les charges qui engageraient sa responsabilité pénale individuelle, en tant que coauteur indirect, pour quatre chefs de crimes contre l’humanité :

    de meurtres,
    de viols et d’autres violences sexuelles
    d’actes de persécution
    et d’autres actes inhumains, qui auraient été perpétrés dans le contexte des violences postélectorales survenues sur le territoire de la Côte d’Ivoire

 

2. Qui sont les codétenus de Laurent Gbagbo ?

 

Toutes les personnes détenues au quartier pénitentiaire de la CPI partagent le même espace commun et peuvent donc se côtoyer. L’ex-président ivoirien y est actuellement détenu au même titre que Thomas Lubanga Dyilo (RDC), premier condamné  par la CPI à 14 ans de prison - qui devrait prochainement aller purger sa peine à l’étranger - Germain Katanga (RDC) et Jean-Pierre Bemba (RDC, jugés pour des faits commis en République centrafricaine).


« Trois autres personnes se trouvent également au quartier pénitentiaire, ce sont des témoins qui étaient détenus en RDC, et qui ont été donc transférés à La Haye sous condition de demeurer en détention. Par la suite, ils ont présenté des demandes d’asile et nous sommes dans l’attente d’une décision des autorités néerlandaises sur ces demandes d’asile », ajoute Fadi El Abdallah, le porte-parole de la CPI.


L'ancien président du Liberia, Charles Taylor, est lui aussi en détention à la prison de Scheveningen suite à un accord passé entre la Cour et le Tribunal spécial pour la Sierra Leone (TSSL), bien que son cas ne relève pas de la juridiction de la CPI.


3. Une journée type de Laurent Gbagbo

 

Trois mois après son transfert à La Haye, voici ce que nous publiions dans les colonnes de Jeune Afrique (n°2669, mars 2012) :

 

« Ses conditions de détention, dans le quartier VIP du centre pénitentiaire de la Cour pénale internationale (CPI), n'ont plus rien à voir avec Korhogo : une nourriture convenable, une cellule individuelle, un bureau, une télévision, un accès à la bibliothèque. Il bénéficie de soins médicaux pour ses problèmes d'arthrose et peut, chaque jour, se promener dans la cour de la prison ou aller à la salle de sport. Sa nouvelle vie, Laurent Gbagbo l'organise autour de trois axes : le spirituel, le politique et le juridique ».

 

4. Une vie en cellule

 

La cellule de Laurent Gbagbo, comme celle des autres détenus, occupe un espace de 10 m² et est aménagée pour recevoir une seule personne.


Il a accès aux livres et aux journaux de la bibliothèque, ainsi qu'à la télévision.


La Cour sert trois repas par jour :

« Les personnes détenues reçoivent une alimentation convenablement préparée, qui est conforme en termes de qualité et de quantité aux normes de la diététique et de l'hygiène », explique le porte-parole de la CPI.


Les personnes détenues sont également autorisées à cuisiner et peuvent passer commande d'articles figurant sur la liste des achats du quartier pénitentiaire. Ils peuvent ainsi accommoder les repas qui leur sont fournis en fonction de leurs goûts et de leurs pratiques culturelles.

 

5. La CPI, une "cour électronique"

 

Les détenus du quartier pénitentiaire de la CPI ont accès à des équipements informatiques afin de travailler leur dossier.

 

« Conformément au mandat de la CPI, qui se veut une "cour électronique", chaque personne détenue dispose d'un ordinateur dans sa cellule, lequel est relié à un ordinateur spécifique de la Cour auquel seul le conseil de cette personne peut accéder. La défense peut ainsi transférer des informations liées à l'affaire, auxquelles la personne détenue peut accéder et au sujet desquelles elle peut faire des commentaires, précise M. El Abdallah. Conformément aux principes selon lesquels une personne détenue a le droit de s'entretenir en privé avec son conseil et de communiquer librement avec le représentant consulaire ou diplomatique de son pays d'origine, les personnes détenues au quartier pénitentiaire sont autorisées à communiquer en toute confidentialité avec les personnes relevant de ces deux catégories, ce qui signifie que ces communications ne doivent pas être surveillées par le personnel du quartier pénitentiaire.»

 

Les détenus ont également accès au téléphone fixe pour communiquer avec leur proches. En revanche, pour des raisons de sécurité, les téléphones portables, appareils d'enregistrement et l'internet ne sont pas autorisés.

 

6. Qui est autorisé à rendre visite à Laurent Gbagbo ?

 

Depuis son incarcération à Scheveningen, Laurent Gbagbo a reçu beaucoup de ses proches. C’est lui qui donne son accord pour toutes les visites. Ces rencontres se déroulent en toute confidentialité dans une petite salle du pénitencier.

 

    La défense : chaque semaine, ses défenseurs emmenés par l’avocat français Emmanuel Altit, lui font le point sur la procédure et les actions en cours. Il prépare très sérieusement, depuis de longs mois, l’audience de confirmation des charges, qui a lieu demain, le 19 février.


    Les anciens collaborateurs : il a reçu à deux reprises ces derniers mois, Miaka Ouretto, président par intérim du Front populaire ivoirien (FPI). D’anciens collaborateurs comme Bernard Houdin, son conseiller français à la présidence, font aussi régulièrement le voyage.


    La diaspora et les intimes : des membres de la diaspora, comme Abel Naki, ont également eu droit à une visite. Des amis intimes comme l’ancien Monsieur Afrique du Parti socialiste, Guy Labertit, et plusieurs journalistes qui l’ont côtoyé, dont Francis Kpatindé, un ancien de Jeune Afrique, sont encore venus le soutenir.


    La famille : sa famille fait régulièrement le voyage jusqu'aux Pays-Bas. Nady Bamba, sa seconde épouse et son dernier fils, Koudou Ismaël, sont ainsi venus à Scheveningen. Marie-Laurence Kipré, sa fille née de son mariage avec Simone Gbagbo, et Marie-Antoinette Singleton, sa belle-fille installée aux États-Unis, ont passé également une semaine à La Haye, en janvier 2012. L'ancien président s'est également entretenu avec Alima Fadika, la femme de l'ex-directeur général de la Société nationale d'opérations pétrolières de Côte d'Ivoire (Petroci), qui est aussi la sœur de Nady Bamba.


    Religeux : Laurent Gbagbo reçoit enfin la visite régulière d'un pasteur africain.

 

7. L’état de santé de Laurent Gbagbo


L’état de santé de Laurent Gbagbo a fait couler beaucoup d’encre ces dernières semaines. Ses représentants  clament haut et fort qu’il est en pleine forme et qu’il joue régulièrement au ping pong avec ses codétenus. Ses détracteurs, eux, prétendent qu’il est au bout du rouleau.

 

En fait, Laurent Gbagbo souffre d’arthrose, de tension artérielle et de de rhumatisme. Il reçoit la visite d’un kinésithérapeute plusieurs fois par semaine. Ces pathologies ne se sont pas déclarées récemment mais se sont aggravés lors des semaines d’isolement dans son bunker de Cocody et lors de son assignation à résidence, au nord de la Côte d’Ivoire, entre avril et novembre 2011.

 

Psychologiquement, ces épreuves l’ont aussi beaucoup affecté. C’est l’une des raisons - il voulait aussi gagner du temps pour préparer les audiences - pour lesquels Me Emmanuel Altit a demandé à plusieurs reprises un report de l’audience et même sa libération conditionnelle. Ce dernier a invoqué la mauvaise santé de l’ex-président ivoirien, qui serait due à sa réclusion àdans une pièce obscure à Korhogo. Pour appuyer sa requête, l’avocat a produit le témoignage du médecin expert qui a examiné le détenu à son arrivée à La Haye : « Laurent Gbagbo est en mauvaise santé, non pas en raison d’une pathologie particulière mais d’une absence d’activité physique et mentale qui peut être apparentée à de la torture ».

 

D’autres experts l’ont examiné à la demande de la CPI. Finalement, la cour a décidé d’aménager les audiences, qui se tiendront simplement l’après-midi afin qu’il puisse les suivre. Toutefois, Laurent Gbagbo, d’après tous les proches qui lui ont rendu visite, n’a rien perdu de ses capacités intellectuelles. Il considère cette audience et son éventuel procès comme l’occasion de démontrer à la face du monde qu’il a fait l’objet d’un complot ourdi par la France et des puissances alliés en Afrique. Il est intimement persuadé que l’Histoire finira par lui rendre raison.

 

8. Les suites possibles

 

Selon les textes, les juges de la chambre préliminaire de la CPI ont 60 jours pour rendre leur décision à l’issue de l’audience de confirmation des charges qui doit s’achever le 28 février.

 

    Avant de statuer sur les charges, la Chambre préliminaire peut encore ajourner l’audience et demander au procureur d’apporter des éléments de preuve supplémentaires ou de modifier toute charge pour laquelle les éléments de preuve produits semblent établir qu’un autre crime que celui qui est reproché a été commis.


    Dans sa décision finale, la chambre préliminaire décidera s’il y a ou non des preuves suffisantes pour confirmer les charges. Elle peut confirmer une ou plusieurs charges, auquel cas l’affaire est renvoyée en jugement devant une chambre de première instance, composée de trois autres juges, pour le procès.


    Elle peut aussi refuser de confirmer les charges. Le procureur pourra alors présenter des éléments de preuve supplémentaires pour la tenue d’un procès. Les deux parties peuvent aussi demander à la chambre préliminaire l’autorisation d’interjeter appel contre la décision sur la confirmation des charges.


    Au plus tôt, la décision des juges sera connue à la fin du mois d’avril.

 

Quant à un éventuel procès, il faudra attendre encore de longs mois. D’ici là, la CPI devra aussi se prononcer sur une demande de liberté provisoire de Laurent Gbagbo introduite par la défense qui assure que des pays africains ont d'ores et déjà donné leur accord pour accueillir l'ancien président ivoirien.

 

Pascal Airault (@Airault1969), Élise Colette (@elizco) et Jean-Sébastien Josset (@jsjosset)

 Jeuneafrique.com

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20 février 2013 3 20 /02 /février /2013 15:24

Laurent Gbagbo va-t-il être renvoyé à Abidjan pour être jugé dans son pays ? En attendant le réquisitoire du parquet de la Cour pénale internationale (CPI), aujourd’hui, c’est la question qui émerge de la première journée de l’audience de confirmation des charges contre l’ex-président ivoirien, qui se tient depuis hier à la Haye.


L’ouverture de cette audience a été marquée, outre la spécification claire des charges retenues contre l’accusé, de l’intervention de la défense portant récusation de la requête du parquet contre l’ancien chef de l’Exécutif de la Côte d’Ivoire. La défense de Laurent Gbagbo, représentée par Me Emmanuel Altit et le Professeur Jacob, a attaqué d’entrée la forme de l’audience, remettant en cause la recevabilité de la requête introduite par la procureure de la Cour pénale contre son client.


En invoquant l’article 17 des Statuts de Rome fondant la CPI, le juriste démontre l’incompétence de cette juridiction internationale à connaître des faits portés à sa connaissance à propos de son client. Pour qu’une requête soit recevable par la CPI, cet article exige en effet qu’il soit établi que  l’Etat-partie ne dispose pas des moyens pour engager une action judiciaire sur son territoire ou n’en manifeste pas la volonté. «Pour déterminer s'il y a incapacité de l'État dans un cas d'espèce, la Cour considère si l'État n'est pas en mesure, en raison de l'effondrement de la totalité ou d'une partie substantielle de son propre appareil judiciaire ou de l'indisponibilité de celui-ci, de se saisir de l'accusé, de réunir les éléments de preuve et les témoignages nécessaires ou de mener autrement à bien la procédure» (Art 17.3 des statuts de Rome).


A la lumière des ‘’exigences’’ posées par ce texte que sont les principes de la ‘’capacité’’ et de la ‘’volonté’’, le Pr Jacob veut prendre la Cour à défaut et tenter d’en convaincre la juge unique de l’audience, Sylvia De Gurmendi, de renvoyer le président Laurent Gbagbo dans son pays pour y être jugé. La Côte d’Ivoire et ses dirigeants, ayant, comme il le dit, les moyens et la volonté de juger les mis en cause dans la crise post-électorale. «La Côte d’Ivoire n’est ni incapable ni ne manque de volonté de juger les personnes incriminées. (…). L’affaire est irrecevable, s’il existe des poursuites au niveau national, à moins qu’il soit démontré que l’Etat n’en a pas les capacités ou la volonté».


Or, précise le professeur de droit, «la Côte d’Ivoire, elle-même, proclame sa capacité à poursuivre les mis en cause». Ce qui équivaut à dire qu’elle peut et doit aussi juger Laurent Gbagbo au lieu que celui-ci ait à comparaitre à la Haye. Pour mieux étayer ses propos, l’associé de Me Altit (l’avocat principal de l’ex-chef de l’Etat ivoirien) charge toujours sur la fragmentation du procès. Ne comprenant que pour les mêmes faits pour lesquels son client est cité comme co-auteur, Simone Gbagbo son épouse et le leader de la jeunesse patriotique, Charles Blé Goudé, soient eux jugés en Côte d’Ivoire.

 

Le pouvoir pris à son propre jeu

 

Indirectement, cette démonstration de la défense de l’ex-président de la République met dans une posture inconfortable, les autorités ivoiriennes. A la lumière de la plaidoirie du Pr. Jacob, le pouvoir est pris à son propre jeu. Celui d’avoir décidé de l’envoi de Laurent Gbagbo à la Haye, en gardant sur place les personnes poursuivies pour les mêmes crimes que lui.


Ce qui voudrait dire que l’ancien chef de l’Etat pouvait, lui-aussi, être jugé en Côte d’Ivoire. On se souvient à l’époque que le président Ouattara avait justifié ce choix par une volonté de transparence dans le jugement de son prédécesseur. La justice ivoirienne ne faisant pas l’unanimité dans l’opinion de façon générale.


Cette suspicion sur les juridictions ivoiriennes suffisait-elle pour se débarrasser du prisonnier de Korhogo à la Haye? La CPI va-t-elle aller dans le sens des avocats du mis en cause et suspendre la procédure en cours pour décider de son renvoi dans son pays ? Tout va dépendre, aujourd’hui, des arguments de l’accusation et des débats qui vont s’ensuivre. Ce qui est certain, c'est que cette audience annonce des surprises.

 

Félix D.BONY

 

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